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NAPOLEON I«
aussi ménagées que les circonstances le permettaient. 11 fit afficher ;i Brescia une proclamation ou on lisait :
« Peuples d’Italie, l’armée frangaise vient rompre vos chaines; le peuple francais est ami de tous les peuples, venez au-devant de lui. Vos propriétés, vos usages, votre religion seront respectés; nous ferons la guerre en ennemis généreux et seulement aux tyrans qui vous tiennent asservis. »
Venise protesta contre la violation de son territoire, mais Bonaparte ne faisait que demander le passage qu’on avait déjå accordé a Beaulieu. Venise, en effet, n’avait pas défendu sa neutralité contre ]e general autrichien et lui avait laissé forcer les portes de la citadelle de Peschiera. Aussi, sans tenir compte de ces protestations, les Frangais franchirent le Mincio. Le pont de Borghetto est enlevé comme le pont de Lodi, et; l’ennemi est repoussé sur les hauteurs de Valeggio.
Quelques faits intéressants se rattachent å cette affaire : soixante grenadiers avaient eu l’audace de traverser la riviére sous le feu de l’ennemi en portant leur fusil sur leur tete et ayant de l’eaujusqu’au cou. Le succés de la journée fut décidé par la cavalerie frangaise, que Bonaparte osa, pour la premiére fois, lancer contre la célébre cavalerie autrichienne; Murat conduisait nos escadrons. Au milieu de sa victoire, Bonaparte faillit étre pris å Valeggio nierne, par l’aile gauche de Beaulieu, que Masséna laissa passer. Il n’eut que le temps de fermer la porte cochfcre de la maison qu’il occupait et de s’enfuir par les jar-clins. II comprit alors la nécessité de créer un corps chargé spéciale-ment de la sureté du général en chef : ce fut l’origine des guides.
Cependant Beaulieu se retirait vers le Tyrol. Bonaparte occupe les places vénitiennes de Vérone et de Legnano, ce qui lui assure la ligne de l’Adige, et enferme dans Mantoue douze mille Autrichiens. Les vaincus s’expliquaient å peine leur défaite. ■
Napoléon aimait å parcourir seul, la miit, les postes et les bivouacs, pour juger de la situation et des dispositions de ses soldats. Il interro-geait aussi les prisonniers, que les Frangais, aprés la bataille linie, traitaient presque en camarades : Napoléon raconte lui-méme qu’in-