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NAPOLEON Ior.
et Bonaparte allait étre écrasé entre les deux armées; mais la re-traite d’Alvinzy entrainait celle de son lieutenant (17 novembre). « L’armée frangaise rentra triomphante dans Vérone par la porte de Venise, trois jours aprés en étre sortie mystérieusement par la porte de Milan. On se peindrait difficilement l’étonnement et l’enthousiasme des habitants; les ennemis nierne les plus cléclarés ne purent com-primer leur admiration. »
Stendhal a pu dire ä cette occasion : « L’étrange fermeté de caractére dont Napoleon fit preuve å deux reprises differentes en ne se mettant pas en retraite avant Lonato et avant Arcole est peut-étre le plus beau trait de génie que présente l’histoire moderne. Et remarquez que ce ne fut pas le coup de désespoir d’une téte étroite, mais la réso-lution d’un sage auquel l’imminence d’un danger extreme n’ote pas la vue nette et précise de ce qu’il est encore possible de tenter. Ce sont lå des choses que la Batterie elle-méme ne peut gåter, car il n’y a rien au monde de plus grand. »
La bataille d’Arcole est restée une des plus populaires de notre histoire; il y en eut peu d’aussi disputée; il y en eut pen oii Fon ait vu plus de généraux mis hors de combat. Gros commenga sa reputation par l’admirable portrait de Bonaparte au pont cl’Arcole. Joseph Chénier fit une ode toucliante sur la mort du colonel Muiron, ou il consacra le souvenir de sajeune épouse morte de douleur en rece-vant les derniers soupirs cle son époux.
Arcole, en tes vallons fameux par nos guerriers, Les larmes du vainqueur ont mouillé ses lauriers ; Tu vis de cent héros moissonner la vaillance Qu’å l’Italie encor redemande la France.
Lå, plus d’un grand destin en naissant immolé, Plus d’un nom que la gloire eut un jour révélé, Expire dans l’oubli de la tombe jalouse.
Mais du jeune Muiron, mais de sa tendre épouse Ma lyre veut du moins consacrer les malheurs, Et l’avenir ému leur donnera des pleurs.
L’armée frangaise regut un renfort de 7.000 bommes, qui compen-sérent les pertes d’Arcole et du blocus de Mantoue : des troupes italiennes s’y joignirent. Bonaparte avait envoyé 3.000 Frangais et 4.000 Italiens å Bologne pour intimider le gouvernement pontifical,