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NAPOLEON I01'.
sortir librement de Mantoue avec deux cents cavaliers, cinq cents fantassins å son choix, six piéces de canon et tout son état-major. Wurm ser accepta (2 févr-ier) avec empressement.
La capitulation de cette célébre ville, qui passait avec raison pour l’une des plus fortes places de l’Europe, était la consécration visible des victoires de l’armée d’Italie. Elle porta å son comble la popularité de Bonaparte. Des chansons imprimées avec des tétes de clous, sur du papier å chandelle, célébrérent l’armée d’Italie et son général. Adaptées å des airs connus de tons, elles se répandaient facilement dans la foule. On y trouve plus de conviction que de prosodie et méme d’orthographe, mais la naive platitude du style ne montre que mieux leur caracbére vraiment populaire. Nous oiterons, par exemple, quelques couplets du Détail de la prise de Mantoue par le général Bonaparte (1).
Mantoue est en notre pouvoir La chose est véritable;
Mais l’empereur pour la ravoir Se donnerait au diable.
Il veut armer, ce nous dit-on, La Faridondaine, la Faridondon, Toutes les femmes de Hongrie, biribi, A la fafon de Barbari, mon ami.
De Bonaparte on parlera Tout comme d'Alexandre, C’est un César dans les combats, Il sait bien se défendre.
Tous ses soldats sont bons garfons La Faridondaine, la Faridondon, Aussi les traite-t-il d’amis, biribi, Point de fayon de Barbari, mon ami.
Pour que l’on ne trahisse pas
Ce fils de' la victoire,
11 sera toujours bon soldat,
11 s’est couvert de gloire.
Partout, au bi'uit de nos canons,
La Faridondaine, la Faridondon,
Il fera danser l’ennemi, biribi,
A la fa<;on de Barbari, mon ami. fin.
Par Perkotin.
L’auteur de cette piéce n’hésite pas, on le voit, å livrer son nom å la postérité.
De nombreuses chansons avaient été faites depuis le début de la Révolution. sur les succes de nos armes. On y célébrait le courage et le patriotisme des soldats, le triomphe des principes révolutionnaires; mais le plus souvent les généraux ne sont pas méme nommés. Dans une dizaine de chansons que contient le recueil de chants sur la bataille de Fleurus, nous avons vainement cherché les noms de Jourdan et de C arnot; on voit qu’il n’en est pas de méme pour Bonaparte.
(1) Recueil de chansons nouvelles-, il Paris, chez Daniel, in-32, sans date.