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NAPOLEON I".
baleh, entourée par Bon, Menou, Dugua, repoussée vers le Nil, dut, aprés de longs efforts, chercher son salut dans le fleuve et abandonner une plaine jonchée de ses cadavres. La flottille regut les débris de cette brillante et malheureuse armée.
La victoire des Pyramides eut le plus grand effet sur l’esprit des mamelouks comme sur celui des soldats frangais. La jactance des premiers devint une vraie panique, tandis que le profond clécouragenient des seconds se changea en une joie compléte. Les mamelouks, en effet, se voyaient définitivement chassés de leur pays, sans autres ressources que la soumission ou la révolte. Les Frangais, au contraire, se croyaient arrivés å la fin de leurs maux et définitivement possesseurs d’une con-trée dont le général leur avait dépeint la richesse sous des couleurs si attrayantes qu’ils espéraient retrouver les délices de Mantoue sous le ciel du Caire. D’un autre coté, la victoire leur avait fait oublier leurs souffrances du désert et leur avait rendu confiance absolue et entiére dans le génie de Bonaparte.
Mais, quelques jours aprés, la flotte frangaise subissait une des dé-faites les plus cruelles qu’elle eut éprouvées jusqu’alors. Bonaparte, aprés le débarquement de ses troupes, avait donné l’ordre å l’amiral Brueys d’entrer dans le port d’Alexandrie ou (Taller å Corfou, mais de ne point attendre l’arrivée des Anglais dans la rade ouverte d’Aboukir. L’amiral Brueys crut qu’iln’y avait pas assez d’eau å Alexandrie et que gagner Corfou l’exposait a rencontrer en route l’escadre anglaise; il préféra done rester å Aboukir. Il ne tarda pas å y etre attaqué par Nelson qui, furieux de n’avoir pu empecher le clcbarquement des Fran-gais en Egypte, avait juré de se venger sur la flotte des victoires de l’armée. L’escadre cle Brueys s’étendait parallélement au rivage, å une assez grande distance de la cöte. Nelson avait envoyé en avant deux vaisseaux, qui purent sans étre inquiétés reconnaitre toute la ligne d’embossage des Frangais. L’escadre anglaise apparut le 1er aoüt avec toutes volles dehors et, malgré l’heure avancée, engagea immédiatement le combat. Nelson eut l’audace cle passer entre la terre et la flotte par une passe qu’on jugeait impraticahle et qu’on avait négligé de garder; il prit ainsi le centre et la gauche des Frangais entre deuxfeux.