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NAPOLEON I«
cependant reconnaitre que, dans son enfance, il regut de son pays natal des impressions bien différentes de celles que pouvait éprouver un jeune Frangais du nierne temps. La Corse était å xnoitié sau-vage; mais, dans ces vallees pro fondes séparées par des chaines d’accés difficile, dans ces pieves qui formaient comme autant de pe-tites républiques, on trouvait partout un vif sentiment cle l’indépen-dance individuelle, partout des luttes politiques ardentes, s’appuyant souvent sur des haines héréditaires; chez tous la passion du pouvoir, le désir de jouer un role par soi-méme ou par son parti, le dégoftt du tra-vail manuel, que l’on réduit le plus qu’on peut pour se livrer å des com-pétitions dont le but peut faire parfois sourire, mais n’en est pas moins poursuivi avec une åpre. opiniåtreté. La passion des honneurs et des fonctions est un des traits de la pauvre noblesse corse, et la principale cause de ses différends avec Genes. Comme plusieurs de ses compa-triotes, mais il n’y a rien lå d’exclusif å la Corse, Napoléon avait un naturel sombre, un caractére violent et une humeur facilement irritable : déjå, il sentait en lui le besoin d etre le maitre. Ce tempérament un peu farouche et turbulent fut modéré par l’éducation forte et sage que lui donna sa mére. C’était une femme trés habile et trés juste, gouvernant sa famille avec une tendresse sévére, redressant dans son second fils toutes les incartades enfantines d’un esprit indompté. Napoleon lui en garda une grande reconnaissance et reconnnt en termes émus le bienfait de cette éducation virile :
« C’est å ma mere, å ses bons principes que je dois ma fortune et tout ce que j ai fait cle bien : je n hésite pas å dire que l’aveuir d’un enfant dépend de sa mere. » Et, å Sainte-Héléne, il disait encore : « Madame mere avait un grand carac-tére, beaueoup d elevation et de fierté. Les sentiments bas étaient écartés et flétris. Elle ne laissait arriver å, ses enfants que ce qui était grand et élevé. Elle avait de l’ho'rreur pour le mensonge, pour tout ce qui était l’apparence d’une inelination basse. »
Il grandissait ainsi, étudiant un peu sous la direction cle son oncle 1 archidiacre, clomine par des désirs secrets d’ambition, ardent déjå aux exercices qui préparaient å la guerre. Entre autres aneedotes relatives å son enfance, on rapporte qu’il se mela un jour aux batailles