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NAPOLEON I«.
derniers défenseurs de l’indépendance nationale, avait loyalement accepté la domination frangaise. Quelques services rendus å M. de Marbeuf, gouverneur de l’ile, lui conciliérent sa bienveillance, et, grace å ce puissant appui, il songea å faire entrer son fils Joseph dans les ordres et Napoléon dans l’armée. Arrivé en France, il plaga ses deux fils au college d’Autun. Lå, Napoléon dut apprendre les rudiments du fran^ais, qu il savait å peine, et s’efforcer de perdre l’accent Italien, trés prononcé alors chez lui. Il n’y passa pas plus de trois mois. Pendant ce temps, Charles Bonaparte, alors å Paris comme député de la noblesse corse auprés du roi de France, usait de tout le crédit de ses protecteurs pour faire nominer Napoléon å 1’ÉcoIe militaire de Brienne : il produisit å eet effet devant lejuge dames de France des preuves authentiques d’une noblesse séculaire : c’était alors la con-dition indispensable de l’admission å eet établissément. Au mois d’avril 1779, Napoléon y obtenait une bourse. Le registre d’école porte cette bréve mention :
« Napoléon Bonaparte est entré å l’École militaire de Brienne-le-Chåteau, a l’åge de neuf ans huib mois cinq jours. Il y a passé cinq ans cinq mois vingt-sept jours, et en est sorti å l’åge de quinze ans pour se rendte å l’École militaire de Paris. » (25 avril 1779-17 octobre 1784.)
L’École de Brienne ne comptait pas alors plus de cent dix éléves dont cinquante entretenus aux frais du roi, qui payait pour chacun 600 livres par an, et soixante environ aux frais de leurs parents, qui payaient 700 livres; Elle était tenue par des minimes. Ces religieux avec un revenu modique, ne pouvaient appeler auprés d’eux des pro-fesseurs célébres : aussi l’enseignement de leur maison fut toujours assez faible. La leeture, l’écriture, la géographie, les éléments du latin, les mathématiques en formaient tout le Programme : les mathémati-ques seules y étaient développées.
C’est å Brienne, pendant ce séjour de cinq années, loin de la Corse loin de sa famille, que se transforma le caractére de Napoléon, comme l’Empereur le reconnut plus tard. Il y avait apporté une tristesse in-quiéte,une fierté prompte å s’effaroucher, une humeur morose et un