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NAPOLEON Ior.
cette couronne persistait dans la resolution d’occuper les duchés de Cleves et de Gueldre, et ses troupes restaient cantonnées dans le voisinage du Rhin, n’attendant qu’un ordre de Berlin pour franchir le fleuve et envahir le territoire frangais. »
D’autre part, l’armée d’Italie continuait å étre malheureuse, et bientot la bataille de Genola perdue par Championnet (4nov.), nous rejetait définitivement de l’autre coté des Alpes et amenait les Autrichiens sur le Var.
La situation intérieure de la France était loin d’etre meilleure. Le gouvernement perdait chaque jour de son autorité, il n’était ni estimé, ni craint. La .Constitution de Fan III, violée au 18 fructidor, au 22 prai-rial, au 30 floréal, ne pouvait offrir aucune sécurité politique. Un agiotage, tel qu’on n’en avait pas vu en France depuis le systéme de Law et qui profitait surtout aux amis et méme aux agents du gouvernement, amenait la formation rapide de fortunes d’autant plus scandaleuses qu’elles insultaient å la misére générale. Les grandes opérations finan-ciéres des mandats territoriaux et du tiers consolidé avaient eu pour résultat, la premiére, de mettre fin aux assignats, la seconde, d’éviter une banqueroute totale en sacrifiant trop facilement, il est vrai, une partie des droits des créanciers de l’Etat. Ces mesures auraient été inoins impopulaires å cause de leurs heureuses conséquences, si elles n’avaient pas été pour quelques-uns l’occasion de bénéfices énormes fondés sur les pertes de leurs concitoyens. On pouvait craindre qu il ne se format alors une sorte d’aristocratie, financiére d’origine, qui aurait eu en sa possession la plus grande partie des biens nationaux. Presque toutes les terres non encore venelues passérent, en effet, å la suite de la liquidation financiére de l’an III et de l’an IV, dans un trés petit nombre de mains. Ce ne fut que plus tarel, par une seconde vente, que ces biens se morcelérent entre les mains des paysans, lorsque les premiers propriétaires commencérent å craindre que l’æuvre de la Revolution ne fut pas durable sur ce point, et qu’une restauration monarchique n’annulåt les ventes de biens nationaux.
Nous pouvons nous faire une idée exacte de la situation de la France å cette époque par les Rapports de la police de Paris, pendant la période révolutionnaire, publiés par Schmidt (Leipzig, in-8°) et par