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NAPOLEON I«
du Conseil d’État, chose qui suffirait å lui assurer une grande place dans notre liistoire.
Napoléon, qui le prétendait tout å fait impropre au gouvernement, et pour cause, reconnaissait qu’il était tres utile å consulter et qu’il avait des points de vue lumineux et d’une grande importance dans les crises les plus sérieuses. C’est que, d’aprés le jugement de Mallet du Pan, « il n’était pas seulement un métaphysicien politique, un manu-facturierde constitutions. Fertile en découvertes d’exécution, ne conce-vant point de plan chimérique alors qu’il fallait agir, sacliant se taire et attendre, et alliant la dextérité å la Constance, personne n’a mieux su conserver de l’empire sur lui-méme et en obtenir sur les autres. » Il l’avait bien montré au 18 brumaire ; mais, cette fois, il avait trouvé son maitre.
Quant å Roger-Ducos, il fut, comme Sieyés, sénateur, grand officier de la Légion d’lionneur et comte. Il regut aussi un chåteau, le chåteau d’Amboise. Ce fut un malheur pour l’art et pour l’histoire. Il s’attaclia, en effet, å détruire les élégantes croisées de la Renaissance pour avoir des fenétres bien carrées, å couvrir d’un plåtre bien horizontal les plafonds sculptés des piéces les plus belles. Bref, décidé å avoir quel-que chose de tout å fait classique, il ne laissa å peu prés intact que les étages supérieurs et les communs : ils ne valaient pas un pareil perfec-tionnement. Le vandalisme de la mode et du faux goüt est plus dangereux que le vandalisme barbare, car il agit plus méthodiquement. Roger-Ducos ne s’en tint meme pas lå; soit pour ne pas faire des dépenses d’entretien, soit pour renclre son jardin plus régulier, il n’hésita pas å mettre å bas la plus importante des deux chapelles qui se trouvaient sur la terrasse d’un chåteau dominant la Loire. Et cependant, ce monument, en cleliors méme de sa destination, devait étre doublement sacré, et parce qu’il était un chef-d’æuvre de la renais-sance et parce qu’il renferinait la clépouillc d’un des bommes qui ont fait le plus d’lionneur a l’Iiumanité, Léonard de Vinci.
Sieyés et Roger-Ducos furent remplacés par Cambacérés et par Le-brun. C’étaient tons deux des hommes de sens et connaissant bien (administration, mais qui ne pouvaient porter aucun ombrage å Bo-