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NAPOLEON Ier.
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voilå! » Les courages se raniment. La colonne autrichienne vangait pleine de confiance, plusieurs soldats ayant Farme sur paule; eile allait atteindre San Giuliano, lorsqu’elle est accueillie la fusillade de Desaix et par l’artillerie de Marmont, qui couvre
flane de mitrail le. Elle s’arrete et riposte. Desaix tombe frappé å mort : perte åjamais regrettable pour la France et pour Napoléon.
La grande colonne ennemie, ainsi accueillie par un feu terrible, est bientot abordée furieusementen tete par les soldats, qui veulent venger leur général, et assaillie sur les flanes par la cavalerie. Les charges dirigées avec un å-propos, une énergie et une prccision rares par le jeune général Kellermann, fils du vainqueur de Valmy, comptent avec raison parmi les plus belles manæuvres de ces longues guerres. La colonne autrichienne rompue, attaquée de toutes parts, tourbillonne sur elle-méme et repasse la Bormida en désorclre, nous laissant 3.000 prisonniers, 7.000 morts ou blessés, 40 canons.
L’armée autrichienne, enfermée cle tons cotés, devait subir la loi du vainqueur. Il y avait peu d’exemples dans l’histoire d’une seule bataille amenant de tels résultats. Cepenclant, lorsqu a dix heures du soir le Premier Consul rentra å son quartier général, on le vit sombre et silencieux. On s’étonnait, on lui demandait s’il n’était pas satisfait de sa victoire : « Oui, répondit Napoléon, mais Desaix! Ali! si j’avais pu l’embrasser aprés la bataille, que cette journée eüt été belle! » Le lendemain, Mélas était heureux de sauver ce qui lui restait de son armée en signant l’armistice d’Alexandrie, par lequel les Autrichiens se retiraient derriére le Mincio, et nous abandonnaient toute la région comprise entre cette riviére et les Alpes avec toute la rive gauche du fleuve, la Lombardie, le Piémont, la Ligurie, les Légations, Turin, Alexandrie et Genes.
Bonaparte, qui avait håte de rentrer å Paris oti sa présence était nécessaire pour affermir son gouvernement, aurait voulu que eet armistice se changeåt en une paix définitive, et de Marengo nierne, il adressait å l’empereur d’Autriche une nouvelle lettre qui rappelait celle qu’il écrivait dans une circonstance analogue a l’archiduc Charles. Mais ici le ton n’est plus celui d’un général, mais d’un chef d’empire.