NAPOLEON I01’.
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Immédiatement aprés lecliange des ratifications relatives aux préli-
(1) Le pére de M. Ferdinand de Lesseps, qui était dans la diplomatie, avait été rejoindre l’armée d’Égypte en 1800 et avait représenté la France dans les négociations de détail relatives å révacuation.
vait tirer de ces troupes qui semblaient seulement destinées å faire régner Fordre dans la grandepresqu’ile. On l’a vu encore récemment, d’une maniére bien plus nette, lors du traité de San Stefano. Mourad était mort fidele å la France, mais ses successeurs firent alliance avec les Anglais. Belliard se décida å capituler, le 27 juin, aux conditions d’El Arisch. Menou résista dans Alexandrie jusqu’au 30 aoüt.
Ainsi se termina cette célébre expédition d’Égypte, qui, malgré son échec, maintint en Orient l’ancien prestige militaire de la France. Elle marque aussi une date importante dans l’histoire de la science. C’est elle qui a attiré de nouveau l’attention des savants sur cette civilisation pliaraonique qui précéda toutes les autres. C’est elle qui a été l’origine de ces efforts continus et méthodiques par lesquels le génie et la pa-tience des Champollion, des de Rougé, des Mariette ont constitué l’égyptologié.
La vue des objets divers et des nombreux dessins de monuments apportés par la commission scientifique, jointe aux récits de ceux que l’on appela les Égyptiens, mit l’Égypte tout ä fait å la mode, comme on l’avait vu å Rome au temps d’Hadrien : on imita en France les édifices, les statues, les meubles des pharaons. L’art égyptien étant un art classique, aux formes simples et logiques, s’accordait avec le goüt dominant alors en France.
L’occupation fran<;aisc, si courte qu’elle eüt été, laissa sur les bords du Nil des souvenirs profonds; elle avait suffi pour rendre quelque vie å un pays endormi depuis des siécles. Aussi les Frangais ont-ils été souvent regrettés de ceux qui les avaient vus partir avec joie. C’est par la France que l’Égypte renaissantea cherché juscju’å présent ä se rattacher ä la civilisation occidentale. Méhémet Ali s’appuya plus d’une fois sur les souvenirs de Bonaparte. Lorsque le célébre pacha fut menacé par une coalition euro-péenne, dans les villes comme dans la Campagne les Égyptiens annon§aient comme chose certaine la descente des troupes fran^aises dans le Delta. L’influence de la France en Égypte a résisté ä son éoheo politique de 1840, et aujourd’hui encore, malgré notre situation récemment amoindrie, le nom qui efface tous les autres sur les bords du Nil est celui d’un « grand Frangais (1) ».