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NAPOLEON I«
pape, il aurait le bonheur de lever tons les obstacles qui pourraient s’opposer encore å l’entiére réconciliation de la France avec le chef de l’Église.
Dés son retour å Milan, aprés Marengo, il fit chanter un Te Deum solennel å la catliédrale et y assista en grande cérémonie, « malgré ce que pourraient dire nos atliées de Paris Déjå il avait recommandé å ses envoyés auprés du Souverain Pontife de « traiter le pape comme s’il avait 200.0000 hommes sous les armes ».
Le pape était alors Pie VII (Barnabé-Louis, Chiaramonti, 1742-1823). Ce choix semblait providentiel dans les circonstances ou I’on se trouvait. Pie Ä II appartenait å l’ordre cle Saint-Benoit. Il avait été professeur de théologie å Rome, évéque cle Tivoli (1782), puis Cardinal et éveque d’Imola. Lorsque le traité de Tolentino eut rattaché Imola å la République cisalpine, il accepta sans protestation cette situation nouvelle et prononga méme, le 25 décembre 1797, dans sa cathédrale, une homélie célébre ou il enseignait que la religion chré-tienne n’était incompatible avec aucune forme de gouvernement, surtout avec un gouvernement démocratique.
Aprés avoir rappelé la grandeur du bienfait de Dieu envers les hommes en leur don-nant sur le Sinai les tables de Ja Loi, puisen leur envoyant son Fils l’orateur développe quelques-uns des principes de l’Evangile qui recommandent l’amour de la pauvreté, de la mortification, de la loi. « La forme du gouvernement démocratique adoptée chez nous, dit-il, n’est point en opposition aveo les maximes que je viens de vous exposer. Elle ne répugne pas å l’Évangile. Elle exige, au contraire, ces vertus sublimes qui ne s’acquiérent qu’å l’école de Jésus-Christ. Si vous les pratiquez sérieuse-ment, elles seront le gage de votre bonheur, de votre gloire et de la splendeur de notre République. » Chiaramonti continuait l’éloge da gouvernement républicain en rappe-lant les plus beaux traits de courage, de vertu et de sagesse des républiques de l’anti-quité.« La seule indépendance que donnait aux anciens la forme de gouvernement dont ils jouissaient les avait ornés d’une foule de vertus. Républicains et, de plus, chrétiens, quels modéles de sainteté ne doivent pas étre les citoyens d’Imola! » A l’appui de sa théorie, il citait méme un passage de VÉmile de Rousseau.
Ala rnort cle Pie VI, prisonnier å Valence (29 aout 1799), la poli-tique autrichienne clésigna Venise aux cardinaux pour lieu cle réimion du conclave. Le Cardinal Chiaramonti, ruiné par le passage des diverses armées et par sa grande charité, dut emprunter l’argent cle son