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NAPOLEON Ier.
Venclée, les ennemis de ]a France et de la Révolution appelérent l’Angleterre. Cette conduite révolta le patriotisme de Bonaparte; å ses yeux l’appui de l’étranger déshonorait toutes les causes ou. il était invoqué; il déclara å Paoli, qui cherchait å l’entrainer dans cette voie fatale, « qu’en France, l’anarchie serait éphémére, que l’Angleterre était l’ennemie de la liberté des peuples et qu’elle ne pouvait pas étre la protectrice sincére des Corses. » Pendant deux mois, juin-juillet 1793, il demeura fidéle å ses principes, malgré Finsurrection grandis-sante. Il lutta pied å pied contre Paoli. Pour la premiére fois general, il se montra habile å tout ordonner et tout prévoir, actif et infatigable, préparant la résistance dans chaque village, acceptant la vendetta avant de faire la guerre véritable : mais bientot tout céda devant Paoli : les couleurs frangaises étaient battues. On voyait alors toute la famille Bonaparte, les trois fréres, Napoléon, Joseph et Lucien, conduits par leur vaillante mére Letizia Ramolino, représenter presque seule le parti de la France. Ajaccio tomba aux mains des insurgés, qui mirent le feu å la maison des Bonaparte. Letizia avait pu fuir : comme elle se retourna, elle apergut un tourbillon de flammes. « C’est votre maison qui brüle!— Qu’importe! s’écria-t-elle; nous la rebåtirons plus belle. Vive la France! » puis elle s’embarqua pour Marseille, ou ses fils ne tardérent pas å la rejoindre. Napoléon était vaincu; mais il avait déjå noblement servi la France.