NAPOLEON Ier.
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« Soldats,
(1) Leur nom est rappelé encore å la mémoire par des places ou des rues situées dans le voisinage du pont d’Austerlitz.
(2) On ignorait encore lea chiffires exacts.
effrayée de se voir coupée et prise en queue par Soult, hésite et cherche une retraite. Mais Davout, qui se tenait jusque-lå sur la défensive, l’attaque å son tour. Elle tourbillonne et quelques régi-ments se précipitent dans leur aveuglement sur les étangs glacés de Menitz pour gagner la route de Brunn. Napoléon fait tirer å boulet sur les étangs, hi glace est brisée et les fuyards sont englo utis. L’héroique résistance de la division Doctoroff sauva tout ce qui pouvait étre sauvé de l’aile gauche russe. 20.000 tués ou blessés, autant de prisonniers parmi lesquels 10 colonels et 18 généraux, 200 piéces de canon, telles furent les pertes de cette armée qui se croyait si sure de la victoire et qui avait montré tant de courage. Nous avions perclu 7.000 hommes tués ou blessés. On comptait parmi les morts le général Valhubert, les colonels Morland et Mazas (1). « J’ai livré trente batailles comme celle-ci, disait Napoléon; mais je n’en ai vu aueune ou la victoire ait été si décidée et les destins si peu balancés. )) Austerlitz est en effet le nom le plus éclatant de l’histoire militaire. Les soldats avaient été dignes cle leur chef. Napoléon leur adressa le jour méme du combat la proclamation suivante.
«Je suis content de vous; vous avez å la journée d’Austerlitz justifié tout ce que j’attendais de votre intrépidité. Vous avez décoré vos aigles d’une immortelle gloire. Une armée de 100.000 hommes, commandée par les empereurs d’Autriche et de Russie, a été en moins de quatre heures ou coupée ou dispersée. Ce qui a échappé ä votre fer s’est noyé dans les laos ; 40 drapeaux, les étendards de la garde imperiale de Russie, 120 piéces de canon, 20 généraux, plus de 30.000 prisonniers sont le résultat de cette journée si célébre (2). Cette infanterie tant vantée et en nombre supérieur n’a pu résister å votre choc, et désormais vous n’avez plus de rivaux ä redouter. Ainsi en deux mois cette troisiéme coalition a été vaincue et dissoute. La paix ne peut plus étre éloignée. Mais, comme je l’ai promis å mon peuple, avant de passer le Rhin, je ne ferai qu’une paix qui nous donne des garanties et assure des récompenses å nos alliés. Soldats, lorsque tout ce qui est nécessaire pour assurer le bonheur et la prospérité de notre patrie sera accompli, je vous raménerai en France.