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NAPOLEON Ier.
Bientot apres, l’armistice était devenu une vérité. A peine Napoléon l’avait-il signé qu’il se demandas’il n’auraitpas å s’en repentir. « On. assure, raconte le trente et uniéine bulletin cle la Grande Armee (4 dé-cembre 1805), on assure que l’Empereur a dit aprcs sa conférence avec l’empereur d’Allemagne: Cet bomme me fait faire une faute, car j’aurais pu suivre ma victoire et prendre toute l’armée russe et autri-chienne. » Il n’aurait plus eu d’incertitude sur ce point, s’il avait su des lors que, le jour méme, le czar écrivait au roi de Prusse de se hater de le rejoinclre, « car les Busses n’étaient pas compris dans le traité qui se préparait)).
Le roi de Prusse, loin de répondre auxexhortations d’Alexandre, défendit å ses troupes, précisément en marche sur la Mora vie, d’aller plus loin, et attendit le résultat de la négociation d’Haugwitz. Le len-demain de la bataille, celui-ci arriva au camp cle Napoléon et lui fit des félicitations : « Voilå un compliment, lui dit Napoléon, dont la fortune a changé (adresse. )) L’Empereur adres^a ensuite cle violents reproches å l’ambassadeur prussien sur son gouvernement, qui avait entrepris contre la France une guerre absurde et sans motifs. « Ce-pendant, ajouta-t-il, je serai indulgent pour cette folie si votre roi veut me donner de solides garanties de son alliance et accepter le Hanovre, en écliange du territoire d’Anspach, du duclié cle Cléves et de la principauté de Neufchåtel. »
La Prusse ne perdait certes pas å l’échange des petites principautés du Rhin pour les provinces de l’Ems et du Weser, qui étaient contigues hu reste de la monarchie. Mais, d’autre part, accepter le Hanovre, c’é-tait une déclaration d’hostilité contre l’Angleterre, d’autant plus sensible qu’au fond du cæur le roi Georges III tenait plus å ses Etats patrimoniaux qu’aux trois Royaumes-Unis. Son esprit faible, vivenient frappé des troubles passagers dont l’Angleterre avait été le théåtre sous son régne, voyait dans ces terres allemandes et fidéles un refuge assuré en cas de révolution. La question était done des plus graves. M. d’Haugwitz n’avait pas de pouvoirs suffisants pour traiter. Mais les dangers que courait la Prusse étaient si pressants, sa situation si fausse, qu’il prit sur lui de signer ce traité d’alliance offensive et