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NAPOLEON I"
un blessé! Quoique notre retraite fut due en partie å un accident indé-pendant de toute manæuvre militaire, nous n’en avions pas moins éprouvé un échec grave. L’arcliiduc Charles est encore appele en Allemagne le héros d’Aspern, et Napoléon lui-méme a dit : « Qui n a pas vu les Autrichiens å Essling n’a rien vu. »
Cependant l’arcliiduc Jean avait regu Fordre d’abandonner 1 Italie et de venir rejoindre son fröre au nord du Danube. Eugene et Macdo-nald l’avaient suivi, Tavaient battu sur le Raab et repoussé vers le sud. Déjå l’admirable résistance du 84° de ligne dans Gratz, contre Giulay, avait assuré la jonetion d’Eugfene et de Marmont.
Napoléon, aprés soa échec d’Essling, semblant vouloir braver 1 Eu-rope, avait fait enlever le pape de Rome. Dés le 17 mai, il avait dé-claré la réunion des Etats romains å l’Empire frangais par le déeret de
Schænbrunn.
Cependant, c’était surtout les préparatifs d’un nouveau passage du Danube qui occupaient son esprit.
Pour assurer absolument ses Communications avec la rive droite l’Empereur avait fait construire, å coté du nouveau pont de bateaux, un pont sur pilotis. Afin. de le proteger contre les corps flottants, il avait d’abord songé å se servir d’une chaine de fer gigantesque, laissée å Vienne par les Tures en 1683. Mais on n’avait pas de machines pour la tendre. Il eut recours alors ä une estacade formée d’une suite de gros pilotis profondément enfoncés et coupant obliquement le cours du fleuve. Pre-nant toutes les précautions dans l’hypothése d’une défaite, il lit proteger ces ouvrages par une solide tete de pont élevée dans l’ile de Lobau et permettant de couvrir le passage, si par malheur on était contraint de battre en retraite. Les Autrichiens avaient aussi fortifié la position qu’ils occupaient. L’archiduc avait sa droite ä Aspern, son centre å Essling, sa gauche å Enzersdorf. En arriére de ces positions, il avait protegé le plateau de Wagram par des redoutes armées de 150 canons. Napoléon le trompa sui le point du passage. 11 lui fit croire qu’il s’effectuerait encore par le nord de l’ile : pour cela, illaissa deux ponts ä Aspern et ä Essling. Au commencement de juillet, l’armée-fut réunie tout entiére soit dans l’ile de Lobau, soit sur laæive droite, en face de 1 ile. Napoléon avait imaginé de jeter d’une rive ä l’autre un pont d’une seulepiéce, compose de bateaux liés d’avance entre eux avec de fortes poutrelles. On devait attacher ce Systeme ä une des rives et le livrer au courant qui le porterait å la rive opposée, puis jeter quelques aneres pour servir ä ce pont de points d’appui dans sa longueur. On avait eu soin de le tenir caohé dans un des faux bras du Danube qui parcourent 1 ile de Lobau, et, pour que le transport de ce faux bras au fleuve filt plus facile, le pont