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NAPOLEON I«.
phine, la question se posa avec plus de préoision. lorsque le principe de l’hérédité eut pris place dans notre constitation. Au commencement de 1805, Napoléon avait dit un jour ä Josephine que sa famille, son conseil, ses ministres, enfin tout le monde, lui représenlaicnt la nécessité d’un mariage qui lui donnåt des héritiers, et il avait répété plusieurs fois en se promenant avec agitation : « Qu’en dis-tu ? cela sera-t-il ? qu en dis-tu? » Joséphine, quiavait écoutéen silence, et qui.savait l’hostilité de la famille Bonaparte pour elle et la famille de Beauharnais, répondit : « Que veux-tu que je te dise ? si tes fréres, tes ministres, tout le monde, sont contre moi, et si je n’ai que toi pour me défendre ? — Tu n’as que moi pour te défendre! s’écria Napoléon avec impé-tuosité; eb bien, tu l’emporteras. »
Joséphine eut tout lien cle se rassurer, lorsque le statut du 30 mårs 1806 interdit spécialement le divorce aux membres de la famille im-périale. Mais, å Erfurt, Talleyrand avait été chargé d’amener le Czar Alexandre å faire la premiére ouverture relative au mariage de Napoléon avec une prnicosse do la maisondes Romaiioff. Lg 15 décenibie 1809, Joséphine, dans un conseil cle famille, dut lire elle-meme une declara-tion dans laquelle on lui faisait (lire qu’elle se sacrifiait volontairement aux convenances dynastiqaes de son époux; mais elle n’eut pas la force d’achever cette leeture. Le prince Eugéne alla le lendemain au Senat pour déelarer qu’il s’associait au sacrifice de sa mfere, et consen-taitå la perte cle ses droits éventuels comme fils adoptif de l’Empereur. Des négociations furent entamées aussitöt avec la Russie. Mais le Czar tenait å garder « rinclépendance du cæur » å l’égard de son allié poü-tique ou å profiter de ces négociations matrimoniales pour obtenir cle nouvelles concessions. D’ailleurs,il seserait lieurté å l’opposition. invin-cible de sa mere, représentant avec autorité les sentiments de répro-bation de toute l’aristocratie russe å l’égard d’une pareille mésal-liance. Il fut aussi question cle la sæur du roi de Saxe. Mais Napoléon, fatigué des lenteurs de la Russie, porta son choix sur une archidu-chesse d’Antriebe (6 février). Il savait que la cour de Vienne était favorable å ce projet, et elle l’était encore beaueoup plus qu’il ne le croyait.
Dés le 7 février, le contrat était signé avec Schwartzenberg, l’am-bassadeur d’Autriche å Paris. On prit modéle, pour la rédaction de eet acte, sur le contrat de Marie-Antoinette; seulement Napoléon