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NAPOLEON I".
qu’un sentiment plus tendre entrait dans son åme å mesure qu’il recevait les réponses écrites en franjais et de plus en plus longues de l’Impératrice. Il avait été décidé que LL. MM. se rencontreraient pour la premiere fois å Compiegne, dans une magni-fique tente, ou elles devaient entrer en meine temps par deux cotés opposes, que l’Impé-ratrice s’inclinerait pour se mettre ä genoux, et que l’Empereur la reléverait et l’em-brasserait.
L’impatience de Napoléon simplifia singuliérement ce cérémonial. « Il s’échappa
Fig. 223. — L’Impératrice Marie-Lonise. D’aprés Prud’hon. (Phot, de Braun.)
furtivement du palais de Compiegne, accompagné seulement par Murat, sortit du pare, par une petite porte, et monta dans une caléche sans armoiries conduite par des gens sans livrée. Napoléon avait dépassé Soissons et était arrivé ä Courcelles au moment ou les courriers del’Impératrice faisaient disposer le relai pour sa voi ture qui allait arriver. Pour se garantir de la pluie, qui tombait å torrents, il s’abrita sous le porche de l’église avec Murat. On ne se serait guére douté que ces deux inconnus étaient l’Empereur et le roi de Naples. Lorsque la voiture de l’Impératrice parut, Napoléon se précipita ä la portiere, pendant qu’on changeait les chevaux. L’écuyer de service le re-connait et s’écrie : « L’Empereur! » Napoléon, qui voulait garder l’incognito, lui dit d’un air contrarié : « N’avez-vous pas vu que je vous faisais signe de vous taire ?» Mais ce petit moment d’humeur passe comme un éclair. L’Empereur se jette au cou de l’Im-pératrice, qui tenaib å la main le portrait de son époux å qui elle dit avec un aimable sourire : « Vous étes bien mieux que votre portrait. »