NAPOLEON I”.
Fig. 228. — Maret, duc de Bassano.
duite de Napoléon leur donnait beau jeu. Il est å peu pres certain que ]les ordres de Napoléon furent dépassés, soit qu’on voulüt le compromettre, soit que ceux qui les exécutérent voulussent satisfaire] leurs sentiments hostiles au catholicisme. Napoléon écrivait, le 18 juillet, de Schænbrunn, au ministre de la police : « Je suis fåché qu’on ait arrété le Pape; c’est une grande faute. Il fallait arréter le Cardinal Pacca et laisser le Pape tranquille å Rome; mais enfin il n’y a point de reméde, ce qui est fait esb fait. Je ne m’oppose pas, si sa démence finit, å ce qu’il soit renvoyé åRome... » Mais cette démence nedevait pas finir. Le Pape, aprés avoir traversé les Alpes et passé par G-renoble, Avignon, Aix et Nice, fut interné ä Savone. Un sénatus-consulte forme les deux nouveaux départements de Trasiméne et de Rome (17 février 1810). L’héritier de l’Empire rejoit, en 1811, le nom de « roi de Rome », comme pour bien indiquer qu’on ne reviendra jamais sur la reunion de la ville sainte å l’Empire. Napo-léon ne recula devant aucune obsession pour amener le Pape å céder. Pie VII perdit le sommeil et tomba dans un état d’esprit qui touchait å l’égarement. On surprit ainsi sa Signatare pour une dé-claration (1811) qu’il s’empressa de dé-savouer hautement des qu’il revint å lui. Napoléon espéra avoir plus d’infiuence par une action directe et ordonna de transportér, le pape å Fontainebleau. Le 18 janvier,
l’Empereur pénétre dans le salon ou se trouvait le souverain pontife (1). Aprés cinq jours de résistance, le Pape donnait son adhésion au Concordat de Fontainebleau (1811); mais il se rétractait par une lettre adressée å Napoléon. Il ne devait étre mis en liberté qu’en 1814.
Ainsi Napoléon, détruisant une partie de son æuvre, réveillait ces passions reli-gieuses qu’il avait apaisées. En persécutant de malheureux prétres pour leur foi, il donnait å ses ennemis une arme nouvelle, et amenait å se réunir, avec plus ou moins de sincérité, dans un sentiment plus puissant que la Sympathie politique, tous ceux qui faisaient opposition au gouvernement impérial. « Il s’était établi, dit M. Sclopis dans son ouvrage la Domination fran^aise en Italic de 1800 d 1814, il s’était établi entre Savone et Rome une correspondance secréte fort active qui allait plus vite que le télégraphe... Le gouvernement en connaissait l’existence; mais il ne parvint jamais å. l’interrompre. »
Quoi qu’il en soit, Napoléon s’applaudissait de voir l’Italie entiére fermée au commerce anglais. Le roi de Hollande, Louis Bonaparte,
(1) Voir la belle scene imaginée par Alfred de Vigny dans Grandeur et servitude militaires.