50
NAPOLEON I“r.
l’ordre d’ouvrir le feu : quelques canons firent reculer les cmeutiers jusqu’å la place Saint-Roch. Mitraillés sur les marches de l’église, ils furent poursuivis jusqu’å la place du Palais-Égalité (ancien Palais-Royal). En méme temps une autre attaque tentée sur le Pont-Royal était également repoussée. Pendant ]a nuit on se contenta de tirer å poudre. Effrayée de ce premier échec, l’insurrection céda : le lendemain, les sectionnaires se dispersbrent et peu å peu Paris rentra dans l’ordre. Mais au debut, le combat avait été assez vif; Bonaparte et son collégue Le, Berruyer eurent leurs chevaux tués sous eux. La Convention n’en était pas moins sauvée. On fut unanime å reconnaitre qu’elle devait son salut aux sages préparå'tifs du général Bonaparte. Barras ne chercha pas å diminuer le mérite de son jeune lieutenant et on l’acclama avec enthousiasme. Mis ainsi au premier rang par ce coup de maitre, il passa plusieurs mois a Paris, jouissant de la faveur populaire, nommé général en seconcl de l’armée de l’intérieur, attendant un commandement plus important. L’amitié de Barras lui était dés lors acquise. Barras venait d’étre nommé directeur; fastueux, ami du plaisir, il cherchait å oublier et plus encore å faire oublier ses paroles et ses actions passées.
Ce fut lui qui songea le premier au mariage de Bonaparte. Il savait la passion qui s’éveillait cléjå entre lui et Mme de Beauharnais. Josephine Tascher de la Pagerie était veuve du général Alexandre de Beauharnais, conclamné å mort en 1794 par le tribunal révolutionnaire, qui le rendait en partie responsable de la perte de Mayence. Em-prisonnée elle-meme, elle avait été sauvée par le 9 thermidor. C’ctait une créole née aux Trois-Ilets (Martinique). D’aprés l’acte de son ma-riao-e elle serait née en 1768; mais elle avait voulu se rajeunir, et la date exacte de sa naissance est 17G3; elle avait done six ans de plus que Bonaparte (1). C’était une des femines les plus aimables cle son temps. Napoléon disait encore cl’elle å Sainte-Héléne qu’elle était la
(1) Bonaparte avait songé, quelques mois auparavant, å épouser une autre veuve d’une rare beauté, qu’il avait beaueoup aimée lorsqu’il était enfant, Mn,ode Permon, qui était entree par son mariage dans une famille corse intime de la famille Bonaparte, et qui prétendait se rat-tacheraux Comnéne. Mais la belle veuve, quoique touchée de eet hommage du jeune officier, le repoussa avec un sourire : l’äge était trop disproportionné et elle ne croyait pas d’aillenrs que ce ftit un parti digne d’elle. Mma de Permon avait une fille, qui devint la duchesse d’Abrantés.