NAPOLEON Ier.
des Beauharnais. Maitre Raguideau n’épargnait meine pas les quolibets contre le fatur époux de la brillante créole : « Comment, veuve d’un mi-litaire, songez-vous å en épouser un autre! et qui encore? un général Bonaparte qui n’a que la cape et l’épée, possesseur tout au plus d’une bicoque, un petit général sans nom, sans avenir, au-dessous de tous les grands généraux de la République! Mieux vaudrait épouser un fournisseur! » Bonaparte entendait tout d’une piéce voi-sine et pouvait å peine contenir sa colére. Il se inodéra cependant jusqu’au départ du notaire, qui, heureusement pour lui, découragé par 1’attitude de Mme de Beauharnais, ne resta pas longtemps. Bonaparte devait prendre sa revanche, la veille du couronnement. Faisant appeler Raguideau aux Tuileries, il lui montra le manteau impérial, la couronne chargée de diamants, le sceptre d’or : « Voilå la cape et l’épée, » dit-il alors au malheureux notaire ébahi et confus. Le manage eut lien le 9 mårs 1796, å 10 lieures du soir. Bonaparte arriva en retard et l’officier municipal qui devait procéder å lacérémo-nie s’était meine légérement endormi. Bonaparte entre brusquement, le réveille en sursaut : « Allons done! citoyen, dit-il: venez vite nous marier. » Depuis quinze jours (23 février),-Bonaparte avait éténommé au commandement en chef de l’armée d’Italie, et dbs le 11 mårs, deux jours aprés son mariage, il quittait Paris, pour commencer ces operations militaires qui devaient d’un seul coup le placer au premier rang des liommes de guerre de tous les temps et de tous les pays.