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NAPOLEON I".
1" Les vaisseaux neutres pourront naviguer librement sur les cötes des nations en guerre. — 2° Les effets ou marchandises appartenant aux sujets des puissances en guerre seront libres sur les vaisseaux neutres, ä. l’exception des marchandises de con-trebande de guerre. C’est ce que l’on résume par la formule : Le pavillon couvre la marchandise. — 3° La contrebande de guerre ne comprend que les armes et les mu-nitions. Il était nécessaire de s’expliquer trés nettement sur ce point. Car l’Angleterre, tout en ayant l’air d’accepter le principe, s’arrangeait de maniére å le rendre inapplicable en entendant par contrebande de guerre tout ce qui peut étre utile méme indirectement aux belligérants, par exemple les grains qui contribuent å Fapprovisioime-ment des places assiégées, les bois, les chanvres, les fers qui peuvent servir å cons-truire des vaisseaux, etc. — 4° Aucun båt i ment convoyé, c’est-å-dire accompagné d’un vaisseau de guerre, ne peut étre visité. — 5° Un port ne sera considéré comme en état de blocus que lorsque les vaisseaux qui l’attaquent seront suffisamment proches pour qu’il y ait un danger evident å passer outre. C’est ce qu'on exprime plus briévement par cesmots : Le blocus, pour étre obligatoire, doit étre effectif. C’est surtout sur ce point que l’Angleterre tenait å maintenir ses prétentions; elle allait jusqu’å vouloir faire prévaloir cette théorie, que, pour qu’un blocus fut obligatoire pour les neutres, c’était assez qu’il fut déclaré par un acte de l’Amirauté.
Le bombardement de Copenhague et l’abandon du Danemark par ses alliés de laligue avaient montré que les neutres n’étaient ni assez forts ni assez résolument unis pour défendre leurs droits. Aussi, dés la rupture de la paix d’Aniiens, Napoleon songea-t-il å faire triompher leur cause sans eux et bientot malgré eux. Il ne ménagea pour cela ni leurs droits ni leurs biens, ni meine leur indépendance; la seule excuse d’une teile conduite, c’est que la cause qu’il défendait était celle de la liberté des mers.
Il serait curieux de suivre les progrés des idées de Napoléon sur le commerce, de les voir s’exagérer de plus en plus, le pousser å lancer le décret de Berlin, å l’aggraver par celui de Milan, enfin å faire la guerre å toute l’Europe pour l’exécution de ces deux décrets. Nous nous contenterons de rappeler le décret du 4 mårs 1806.
Mais avant méme qu’il n’y eüt aucune loigénérale sur ces matiéres, Napoléon cher-chaita développer l’usage des produits fran§ais, en agissant sur la mode. On l’entendit plus d’une fois s’élever contre l’absence d’esprit national chez les femmes. Si elles en avaient, elles renonceraient ä porter des mousselines de Suisse ou (l’Angleterre, et elles ne se vétiraient que de soieries de Lyon et des linons de Cambrai, et il rappelait, å cette occasion, quelle gråce donnaient ces linons aux jeunes filles qu’il avait connues