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NAPOLEON Ier.
« L’ennemi, pour le tourner, avait franchi l’Elbe dans l’intérieur de la Bohéme. Il fallait le punir de sa témérité, en repassant l’Elbe soi-méme et en l’écrasant avec des forces supérieures. Nous etions maitres, en effet, du passage du fleuve. Mais au lieu de déboucher par Dresde, ce qui n’aurait donnéqu’un choc direct, Napoléon, sans s’inquiéter pour le moment de Bluclier que Macdonald est chargé de contenir dans la Silésie avec 75.000 hommes, forme le projet de remonter l’Elbe jusqu’å Kænigstein, de ry-passer et de prendre par derriére la grande armée de la coalition. Il avait eu soin d’approvisionner d’avance cette ville et de la rattacher ä Lilienstein par un pont de bateaux. Malheureusement les nouvelles alarmantes qu’il re§ut des dangers qui mena-§aient Dresde, l’inquiétude qu’il avait de perdre l’alliance du roi de Saxe, le décident ä adopter un nouveau plan moins fécond en grands résultats, mais plus sür. Il débouchera directement de Dresde avec 100.000 hommes, en confiant au général Vandamme avec 40.000 hommes, du coté de Péterswald et de Pirna, le soin de tourner l’ennemi ou de lui couper la retraite. »
Quand Napoléon arriva å Dresde, Schwartzenberg, å la tete de 165.000 hommes et 300 piéces de canon, prenait ses dispositions pour attaquer Gouvion Saint-Cyr, qui, n’ayant que 18.000 hommes, se pré-parait a une rcsistance désespérée. Le faubourg de Pirna est pris; les Allemands crient déjå : « Paris! Paris! » ; ils vont enfoncer les portes. Ces portes s’ouvrent et donnent passage å deux colonnes de la vieilie garde qui repoussent l’ennemi dans ses lignes en lui tuant 4.000 hommes et en faisant 2.000 prisonniers. Napoléon clicta des le soir méme le plan de la victoire du lendemain.
Napoléon était monté plusieurs fois dans la journée ä un clocher d’oü l’on aperce-vait le demi-cercle de collines et de plateaux qui entourent la ville de Dresde. Il y avait vu se développer l’armée de Schwartzenberg qui venait de se renforcer des 25.000 hommes de Klenau, et il y avait discerné une gorge profonde, celle de Plauen, servant de lit å la petite riviére de la Veisseritz, qui partageait en deux le champ de bataille.
« C’est au delå de cette gorge étroite et profonde qu’était rangée la plus grande partie des Autrichiens, séparés ainsi du reste de l’armée coalisée par une sorte de gouffre å travers lequel il était impossible de les secourir.
« En outre, ce coté du champ de bataille était plus propre que les autres aux ma-næuvres de cavalerie. Napoléon, saisissant d’un coup d’æil les avantages qu’offrait cette circonstance locale, resolut de renforcer le roi de Naples de tout le corps du ma-réchal Victor et de le lancer par un détour å droite sur les Autrichiens, qui, ne pou-vant étre secourus, seraient inévitablement précipités dans la gorge de Plauen, et, aprés avoir ainsi détruit la gauche des coalisés, de pousser Ney avec toute la jeune garde sur leur droite pour les refouler en masse sur les hauteurs dont ils avaient es-sayé de descendre. Il devait résulter de ce double mouvement un double avantage, c’é-