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NAPOLEON I".
Napoléon voulut alors le tourner. Il remonta l’Aisne, en surprit le passage å Berry-au-Bac et se porta sur Laon pour prendre å revers les armées de Silésie et du Nord, maintenant réunies. L’armée frangaise, qui ne comptait pas plus de 30.000 conibattants, attaqua les masses des coalisés et les chassa des hauteurs de Craonne, aprés un combat sanglant dans lequel nous perdimes 8.000 hommes. Bluclier se replia sur Laon le 8 mårs, et, toute la journée du 9, arréta Napoléon devant cette ville. Marmont fut rejeté au delå de l’Aisne en essayant de le tourner par la route de Reims, dont le corps russe de Saint-Priest parvint nierne å s’emparer. Napoléon demeura encore deux jours å combattre devant Laon et perdit dans cette lutte 5.000 hommes. En-fm, le 13 mårs, il prit la route de Reims, ou il entra le 14, aprés un succés important et la ruine compléte du corps de Saint-Priest. Bluclier, ne pouvant croire que 20.000 hommes seulement l’avaient atta-qué devant Laon, était resté pendant Huit jours dans sa forte position, qu’il n’osait abandonner.
Cette victoire de Reims, qui devait étre la derniére cle la Campagne, eut un retentissement considérable. Le général de Ségur rap porte que des Bataillons russes s’enfuirent sans tourner la tete par delå le Rhin jusqu’å Erfurt; le gouverneur, qui était encore Frangais, les arréta et apprit de leur bouclie notre victoire. Napoléon n’en profita pas pour conclure la paix å des conditions acceptables. Metternich disait å Cau-laincourt : « Si la paix ne se fait pas dans ce moment, le triomphe des partisans de la guerre å outrance contre Napoléon sera assuré, le monde bouleversé, la France la proie de ces événements. » Caulain-court, de son coté, suppliait l’Empereur de signer la paix å tout prix : <( Il faut des sacrifices, disait-il; il faut les faire å temps. Comme å Prague, l’occasion va nous échapper. La négociation une fois rompue, tout est fini. » Et il ajoutait : « On ne vent qu’un prétexte. » Le mot pouvait s’appliquer aux Autrichiens eux-mémes. Sans doute, aprés Montereau, Schwartzenberg avait offert un armistice, et des conféren-ces s’étaient ouvertes å Lusigny (24 février), pour en discuter les conditions; mais les négociations furent rompues clés que la marclie de Napoléon sur l’armée de Silésie eut fait cesser la situation critique