LE CHAMP DE MAL — INERTIE DE MARIE-LOUISE.
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Jamais un seul instant, en effet, les souverains de l’Europe n’avaient cru aux assurances pacifiques de Napoléon; on avait arrété ses courriers sur toutes les frontiéres. On ne pouvait méme plus songer, comme on 1’avait fait ;i Vienne méme, aprés la réunion du Cliamp de Mai, å une régence au profit du Roi de Rome. 11 aurait fallu pour cela que Marie-Louise vint retrouver son époux, et elle n’y pensait guére.
Fig. 359. — « Demi-bataillon de gauche... joue! feul... chargez. » Waterloo, 18 juin 1815, 6 henres du soir. D’aprés une lithographie de Raffet.
Les scrupules tardifs qu’elle pouvait avoir au sujet du divorce de Napoléon étaient cependant levés par la mort de Joséphine; mais elle était déjå peut-étre unie secréte-ment å M. de Neiperg. La conduite de Marie-Louise en cette circonstance fut vrai-ment méprisable. Il ne s’agissait pas settlement de son époux, mais de son fils. Le Czar Alexandre, fort mécontent dutraité du 3 janvier 1815, et fort irritéde l’ingratitude des Bourbons, qui oubliaient, disait-il, qu’ils lui devaient le trone, semblait décidé å soutenir les droits de Napoléon II; il s’en était méme ouvert secrétement å Marie-Louise (1). D’abord remplie de trouble å. la nouvelle du retour de Napoléon, elle ne
(1) Alexandre disait, quelques mois plus tard, å lord Clancarty : d On aurait pu établir la régence. Mais l’archiduchesse Marie-Louise, ä quij’enaiparlé, ne reut point, ä quelqueprix que ce soit, retourner en France.» En 1818, pendant le congrés d’Aix-la-Chapelle, Alexandre ayant vu, dans une des promenades qu’il fai-sait incognito, une gravure représentant l’entrevue de Tilsit, murmura : ((Pourquoi Napoléon n’en fit-il pas autant en 1815, sur la Loire, au lieu d'aller se livrer aux Anglais ? » Il le pouvait, et s’il l’avait fait, qui sait, il serait peut-étre encore empereur des Fran^ais. (Mémoires anonymes sur VTmpératrice Josephine^ par M110 Duerest.)