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NAPOLEON Ier.
l’oiseau orgueilleux, qui traine aprés lui quelques anneaux brises de la chaine du monde; l’ambition. désespérée voit le sceptre des peuples échapper ä ses mains. Mais la terre est-elle plus libre? Irons-nous rendre des hommages aux loups aprés avoir terrasse le lion ? Irons-nous fléchir humblement le genou devant les trones et leur paycr le tribut d’une servile admiration ? Non, attendez encore pour louer... Waterloo! tu fus témoin de la chute de celui qui fut le plus extraordinaire mais non le plus méchant des hommes; mélange inexplicable de principes contraires, son esprit se fixait un moment sur les objets les plus grands et revenait avec la méme attention aux plus légers détails ! 0 toi qui fus extreme en tout, si tu avais su garder un juste milieu, tu occuperais encore le trone, ou tu n’y serais jamais monté... Il est
Fig. 371. — « Ils grognaient et le suivaient toujours. » Lithogr. de Raffet.
un fen et une agitation secréte pour les åmes qui ne peuvent étre contenues dans un cercle étroit, et qui vont toujours au delä des Lornes d’un désir modéré. Embraséesde ce fcu toujours plus difficilc ä éteindre, elles sont tourmentées de la soif de.s dangers, et ne se lassent que du repos; fiévre du cæur fatale å tous ceux qu’elle dévore, å tous ceux qui en furent atteints. »
L’Empereur vaincu rentra å Paris (1), par Rocroy et Laon, dans la nuitdu 20juin. C’estå l’Élysée, ou il se retira (2), que se passérent les derniéres heures de son régne. La nouvelle du désastre de Waterloo se répandit bientot dans Paris, ou elle causa une stupeur profonde.
(1) Sil’on en croit Coignet, il ne s'y décidaque surl’avis de lamajorité des généraux. <r Vous mefaites faire une sottise, disait-il å Laon, ina place est ici. »
(2) Il l’avait habité de préférence aux Tuileries, depuis son retour del’ile d’Elbe.