L'exposition De Paris 1889
Premier & deuxième volumes réunis
År: 1889
Forlag: A La Librarie Illustree
Sted: Paris
Sider: 324
UDK: St.f. 061.4(100)Paris
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L’EXPOSITION DE PARIS
balcon, sert d'entrée principale : sur toute la |
longueur de la façade s’étend une véranda
très basse, soutenue par des colonnettes aux
larges chapiteaux. Au-dessus de la véranda,
de petites fenêtres avecauventet moucharabiés
correspondent aux coupoles. Tout l’édifice est
couronné par une double frise qui comporte de
curieux détails.
Dans la rotonde centrale que nous reprodui-
sons en gravure avec les costumes des Indiens
qui sont attachés au Palais, la Compagnie des
« Thés de la Tour » a obtenu l’autorisation de
faire déguster ses produits, qui commencent à j
créer une concurrence sérieuse aux thés de la
Chine.
Les indigènes en costume national, d’une
blancheur éblouissante qui fait ressortir leur
teint de bronze, vendent dans les boutiques et
font le service des comptoirs de thés.
De charmantes Anglaises offrent aux visiteurs
les produits de la Compagnie et ne suffisent
pas à contenter leur nombreuse clientèle, pour
le moment passagère, mais qui conservera
l’adresse des « Thés de la Tour » et qui se
fera désormais adresser les produits directe-
ment par l’Administration.
1
BEAUX-ARTS
LE PAYSAN BLESSÉ
Tableau de M. Brouillet.
La gravure de notre première page repré-
sente un drame aussi simple qu’émouvant.
On rapporte à son logis le pauvre diable qu’un
accident a mis en danger de mort, et sa femme
éplorée, les enfants, les voisines, par leurs
expressions de douleur ou de curiosilé inquiète,
reflètent leur pensée avec la plus vive intensité.
L’émotion vous gagne et l’on s’intéresse malgré
soi à ces malheureux. Il n’est pas d’acteurs aa
théâtre qui vous puissent faire plus d’effet que
ces figures inanimées rendues si vivantes par
la science du peintre.
Avec cela une couleur vraie, une composition
heureuse, une exécution sans prétention, une
grande correction de dessin. Telle est l’œuvre.
Il n’est pas étonnant que le nom de M. Brouillet
Soit désormais dans le souvenir de toutes les
mémoires avec celui du Paysan blessé.
POUR VOYAGER
Sans presque aucune exagération, on peut en
ce moment classer les articles de voyage parmi
les objets de première nécessité. Le monde entier
s’est mis en mouvement à cause de l’Expusition
Universelle et des caravanes entières, avec ou
sans chameaux, se sont dirigées et se dirigent
vers Paris. Mais on n’en est plus aux temps
primitifs où, pour entreprendre un long voyage,
on se ceignait les reins et on se munissait d’un
bâton et d’un bissac.
On fait même fl du classique et légendaire
sac de cuir qui recélait tant de choses variées
et qui juraient de se trouver rassemblées, depuis
les victuailles jusqu’aux chaussures de rechange.
Maintenant, dès qu’on dépasse la banlieue, on
veut avoir avec soi au moins la réduction de
tous les objets usuels dont on se sert au logis
pour la toilette, et, ma foi aussi, quelque peu
pour la cuisine.
Les industriels à l’afl'ût du goût du public,
ou qui, pour mieux dire, le font naître et
l’exploitent fort habilement, ont saisi le mou-
vement et il est né une industrie d’ « articles
de voyage » que l’on peut étudier et apprécier
dans la classe 39. Tous ces produits sont telle-
ment ingénieux et luxueux que cela touche à
l’art. Un chroniqueur high-life vous ferait un
poème en prose, — de la prose qui leur est
propre, — rien qu’avec la description d’un
nécessaire de voyage d’une grande mondaine
ou d’un demi-castor. Déballés, tous ces usten-
siles de voyage en argent, en ivoire, en cristal
taillé occupent toute une vaste table; il y a de
tout là dedans, de tout, vous m’entendez, sans
que j’insiste. 11 y a de ces « nécessaires » — à
ceux qui nagent dans le superflu — qui coûtent
quatre mille francs et au-dessus, et, une fois
fermés, c’est une petite valise en cuir de Russie
que l’on tient aisément à la main.
Moins « pschutt », mais infiniment utiles et
pratiques les objets qui suivent : malles, valises,
sacoches, nécessaires et trousses de voyage,
couvertures, coussins, coiffures, vêtements
imperméables, grappins, parasols, bâtons ferrés,
— les gens dans le mouvement disent des alpen-
stocks. Très intéressant à examiner, le matériel
portatif destiné aux expéditions scientifiques.
LA MARGUERITE DE 300 MÈTRES
A Georges Clairin.
L’autre jour, mon fils perspicace
A vu, de ses yeux étonnés.
Sous la monstrueuse carcasse
De la tour Eiffel... Devinez?
Une marguerite menue,
Poussant, d’un air paradoxal,
Dans la crevasse biscornue
D’un pilier grave et colossal.
Comment est-elle là? Mystère !
Un papillonnet d’Albion,
Venu comme un simple notaire
Pour voir notre Exposition
Et nos fontaines lumineuses,
Laissa-t-il, un soir de gala,
Choir de ses ailes pollenneuses
La graine de cette fleur-là?
Alphand mit-il cette semence
Sur ce gros pilier solennel,
Pour faire une antithèse immense
A la Hugo : poète Eiffel?
Toujours est-il que, blanche et rose,
La fleur croît là, sous tous les yeux.
« C’est monsieur Eiffel qui l’arrose ?
Demanda mon fils curieux.
— Bien sûr! dis-je à mon petit homme;
Eiffel prend son grand arrosoir
De trois cents mètres, sans la pomme,
Et l’arrose, matin et soir.
— Va-t-elle grandir beaucoup? — Pense!
Si lui s’en mêle?... Ah! bien, merci!... »
Mon fils est sage ; en récompense
Je fais pour lui ce conte-ci
Qui sera, d’après mon pointage,
Vrai dans quatre-vingt-dix-neuf ans,
Et que les pères de cet âge
Diront sans doute à leurs enfants.
Donc, la marguerite menue
Que monsieur Eiffel arrosait,
Dressa fort sa tête ingénue
Qui, d’aise et d’orgueil, se frisait.
Elle devint un phénomène
Et grandit tant, tant sur le sol,
Qu’elle eut, au bout d’une semaine,
La taille d’un gros tournesol.
Et. la semaine après — parole
D’honneur ! — deux ou trois mandarins
S’abritèrent sous sa corolle
Pour laisser tomber quelques grains.
Or, cependant que vers les astres
La marguerite s’élançait,
Que vit-on soudain?., ô désastres 1
La tour Eiffel rapetissait,
Rapetissait de jalousie!
Et, dans son ascenseur Otis,
Les gens sentaient, l’âme saisie,
Qu’ils devenaient petits, petits...
Si petits que, faisant leur lippe,
Ilepp et Besson, jadis si fiers,
Se prenaient pour Édouard Philippe,
Et Tirard pour feu monsieur Thiers!
Quelle déplorable équipée f
De honte, Eiffel en trépassa;
Berger en devint fou; Coppée
Dit, en vers : « J’avais prévu ça! »
Et, dans l’orgueil de sa victoire,
La fleur prit un nouvel élan,
De sorte qu’elle eut, dit l’histoire,
Trois cents mètres au bout de l’an !
Et, du fond des deux Amériques,
Du Brésil, du Guatemala,
Des moucherons rastaquouériques
Accoururent pour voir cela.
Des coccinelles, sous la lige,
Vinrent tout haut s’extasier,
Puis prendre, de peur du vertige,
Des ascenseurs Combalusier !
Et le soir, sur les monts Karpathes,
Las de chanter. « Tu-tu-lu-lu I »
Des grillons, tout droits sur leurs pattes,
Se disaient entre eux : « La vois-tu? »
Tandis que, par les nuits féeriques,
Très fier, un ver luisant veilleur,
Projetait des feux électriques
Du sommet de l’énorme Fleur!
Et la tour de fer, ridicule,
Dépérit tellement, dessous,
Qu’elle eut bientôt l’air minuscule
D’une tour Eiffel de deux sous !
Bref, l'autre jour, le ministère
A dix centimes l’adjugeait
Au baby d’un lord d’Angleterre
— Pour équilibrer le budget.
Jean Rameau.
BEAUX-ÄRTS
LE RÉCIT
Tableau de M. L. Couturier.
C’est un souvenir de la guerre de 1870-71 que
M. Couturier a évoqué avec un grand sentiment
de vérité et avec beaucoup d’art. Si le sujet
n’est pas émouvant comme laplupart deceux que
l’artiste se plaît à reproduire, il n’en est pas
moins sympathique. Le récit de ce blessé qui
oublie son mal pendant qu’on le panse, et qui
raconte, sans êti e ému, les dangers qu’il vient de
courir, est encore un acte de courage dont nos
soldats comme nos officiers sont coutumiers eu
campagne.
11 s’agissait de grouper autour du conteur des
écouleurs, faire parler l’un et donner del’intérêt
à ses paroles par l’attitude de son entourage.
L’artiste s’en est admirablement acquitté et a