Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
27
L’AFFICHE ARTISTIQUE
Ce chapitre pourrait porter comme sous-titre :
Philosophie de la réclame ou Des devoirs du sage
a l’égard de la publicité.
C’est là un sujet qui a échappé aux méditations
des stoïciens, et qu’on n’a guère eu l’habitude
jusqu’ici de voir traité par les moralistes. Mais
bien à tort, s’il faut en croire M. Küchenmeister,
Qui, dans un traité sur la Réclame, nous montre
précisément combien a été fâcheuse cette indiffé-
rence des théoriciens touchant l’un des modes
essentiels de la vie. « Trop
s’est fié, en matière de ré-
clame, au seul hasard de
l’inspiration; et c’est à peine
si l’on commence à s’aper-
cevoir que l’art de la ré-
clame est infiniment moins
simple et plus sérieux qu’on
na cru. Une réclame bien
entendue est l’âmedu succès;
et il n’y a point d’entreprise
81 bonne qui ne coure des
risques à vouloir s’en passer,
les expositions comprises. »
C’est que les idéalistes
auront beau faire, la vie
restera toujours une lutte, et
dans cette lutte ce n’est
point le plus fort, ni le plus
brave, ni le plus raffiné, ni
le plus vertueux, c’est le plus
intelligent qui triomphe. Et
>1 y a bien des natures déli-
cates qui ont horreur du
bruit et, par suite, haïssent
la réclame : on les com-
prend; mais ces sentiments
sont toujours assez dange-
reux, car la concurrence
devient si vive que nul ne
saurait prévoir où elle va
s’arrêter.
Notre moraliste tient son
art nouveau pour le plus
sage de tous les arts de la
vie. Son traité est fort com-
plet. Ainsi, avant de nous en-
seigner les conditions d’une
réclame rationnelle, il nous
fait toucher du doigt les
défauts de la réclame empi-
rique.
Le premier défaut de cette
réclame, suivant lui, est
dans l’exagération.
longtemps, dit-il, on
Nous ne pouvons pas suivre M. Küchenmeister
dans l’jxamen, un peu trop technique, qu’il fait
ensuite des diverses formes de la publicité : bro-
chures, prospectus collectifs, prix courants, lexi-
ques instructifs à réclames, annonces dans les jour-
naux et les revues, annonces sur les boîtes d’allu-
mettes, affiches, etc. Mais jusque dans les détails
les plus spéciaux de cet examen, M. Küchenmeister
reste toujours un dialecticien subtil et toujours un
moraliste.
Et quelque opinion que l’on professe à l’en-
Henry Cassiers
Un autre défaut habituel de
certaines réclames,
c est leur caractère trop spécial, trop technique.
Il n’y a pas jusqu’au maintien des formules
anciennes, si excellentes qu’elles soient, qui ne
constitue pour la réclame une cause d’inefficacité.
L excès d’originalité, cependant, est aussi un
grave défaut.
;Ce qui manque, en résumé, à certaine réclame,
c est la force d’action sur le public. Et cela pro-
vient de ce que cette réclame est faite au hasard.
« La clarté et la précision du style, la rigueur de
ogique, la force de persuasion, la diplomatie dans
c choix des termes, ce sont les premières qualités
c un bon écrivain : à combien plus forte raison
doivent-elles être aussi les premières qualités d’un
on inventeur de réclames. »
droit de la
qu’elle joue
dérable.
-Th
— Affiche en couleurs pour l’Exposition
réclame, il faut bien reconnaître
en cette fin de siècle un rôle consi-
Certes, elle ne peut pas rendre beau ce qui est
laid, bon ce qui est mauvais. Mais quelles que
soient les qualités d’un article, les attractions d’une
entreprise, si le public les ignore, l’article ne se
vendra pas, l’entreprise n’attirera pas de visiteurs.
Et c’est pourquoi les expositions elles-mêmes ont
besoin de réclame.
Or, de tous les moyens connus pour lancer un
article, faire connaître une entreprise, mener la
foule à une exposition, en est-il de plus efficace
que l’affiche artistique?
L’affiche est née en France. On a beau faire
remonter les affiches jusqu’aux Egyptiens, Syriens,
Grecs, Romains (la stèle du temple de Jérusalem
au musée judaïque du Louvre, les spécimens de
Pompéi, etc.), l’affiche véritable, l’affiche moderne,
doit son origine à la France. Les premiers spéci-
mens dignes de ce nom furent les thèses histo-
riées qui, dès 1742, ornaient les murs de Paris.
Les dessins signés par Mignard, Cochin, Philippe
de Champaigne et tant d’autres annonçaient les
propositions qui seraient soutenues à la Sorbonne.
Après la Révolution, des
1 artistes comme Horace Ver-
net ne dédaignent point de
prêter leur talent à l’affiche
lithographiée, et ce fut ainsi
de tout temps. Rappelons-
nous le grand Daumier fai-
sant, en i855, sa fameuse
affiche pour l’ouverture du
Dépôt d’Ivry, qui a en-
gendré tant de réductions
qui figurent encore sur des
sacs à charbon que vendent
les épiciers parisiens. Une
cuisinière lève les bras de-
' >vant un sac de charbon
''-tenu en équilibre sur les
robustes épaules d’un solide
gaillard. Et c’est tout! Et
cependant combien de sacs
de charbon Desouches, le
fondateur du Dépôt d’Ivry,
n’a t-il pas vendus grâce à
la gracieuse cuisinière de
Daumier?
Tous les commerçants
Etats-Unis peuvent
voulurent ensuite avoir leurs
mérites affichés et cet art
gagna de plus en plus en ar-
tistes et en admirateurs avec
Toulouse-Lautrec, Grasset,
Steinlen, Willette, Mucha
et surtout Chéret, l’inimi-
table Chéret...
L’affiche passe aussitôt la
frontière, gagne le continent,
passe l’eau, triomphe à Lon-
dres, et s’installe bruyam-
ment dans la République
étoilée. Aujourd’hui, c’est
une floraison quasi univer-
selle.
Les pays anglo-saxons,
la Grande-Bretagne et les
se targuer « d’afficheurs »
de mérite, qui très vite ont su se dégager de l’in-
fluence française. Leurs productions n’ont certes
pas l’éclat spontané, les qualités si personnelles de
M. J. Chéret, mais il y a en elles des recherches
esthétiques, des signes de race qui en font des
œuvres d’un haut intérêt.
En Angleterre, pour l’affichecourante, MM.Dud-
ley-Hardy et Aubrey Beardsley ont déployé de
remarquables qualités de brio et de composition.
Les idées esthétiques chères à tous ceux qui s’appa-
rentent au mouvement préraphaélite, mouvement
d’où est né, on le sait, l’art anglais contempo-
rain, ont inspiré à MM. Walter Crane, Robert
Anning Bel et Mackintosh des affiches d’une au-
stère beauté.