RHIN ET DANUBE. — MOREAU. — JOURDAN.
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les Autrichiens. Jourdan, qui avait pour principaux lieutenants Mar-ceau, Kléber, Soult, Ney, Richepanse, avait bättu le duc de V urtem-berg å Altenkirchen (30 mars). Mais l’archiduc Charles, venant au secours du duc, avait rejeté une premiere fois les Frangais sur la rive gauche du Rhin. Moreau, n’ayant plus devant lui qu’une armée affaiblie, avait pris Kehl, gagné la victoire de Renchen et occupé Rastadt. L’archiduc, revenu en tonte håte vers la Foret Noire, avait été battn å Ettlingen et n’avait pu empéclier Moreau de passer le Neckar et pénétrer dans la vallée du Danube. Jourdan, reprenant alors l’offensive, avait de nouveau passé le Rhin, å Neuwied, remonte victorieusement la vallée du Mein (combats de V urtzbourg, Bamberg, Rottenbourg) et rejeté les Autrichiens sur le Naab.
Mais les deux généraux frangais s’éloignaient de plus en plus par leurs succés mémes. Moreau s’était avancé jusqu’å Neresheim, ou l’ar-chiduc, qui avait vainement tenté de l’envelopper, avait vu son centre enfoncé et avait du lui laisser le champ de bataille. Ce n’était cependant pour les Frangais qu’un demi-succés. L’archiduc, voyant 1 armee de Jourdan plus faible et plus éloignée de sa base d’opérations, congoit le projet hardi de se réunir å Wartensleben pour l’accabler et le ra-mener sur le Rhin. Ainsi Moreau, menacé dans sa ligne de retraite, sera obligé lui-méme d’abandonner la Baviére.
Si les vallées des affluents du Rhin ouvrent naturellement des routes pour l’invasion de l’Allemagne, en revanche elles offrent bien difficilement une ligne de défense pour une armée offensive qui a subi une premiére défaite. Jourdan en fit la triste expérience. Atteint par 1’armée de l’archiduc å Amberg, oü une nouvell.e victoire venait de lui ouvrir la route de Ratisbonne, il doit céder å la supériorité du nombre et est rejeté dans le bassin du Mein; il est battu presque toujours aux meines lieux ou il a été vainqueur dans sa marche offensive, notam-inent å Wurtzbourg et å Altenkirchen, ou mourut le jeune Marceau, pleuré de ses compagnons d’armes comme de nos ennemis.
Moreau fut plus heureux. La retraite de Jourdan entrainait néces-sairement la sienne; mais, vainqueur en toute rencontre, il ne laissa å l’ennemi ni un canon, ni un caisson, ni un blessé. Au moment de s’en-
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