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NAPOLEON Ier.
gager dans les défilés de la Foret Noire, voulant étre libre de ses mou-vements, il reclierclia la bataille que jusqu’alors il avait évitée, rem-porta un succés complet å Biberach et put ramener son armée sur le Rhin. Il était temps. DéjA l’avant-garde de l’archiduc, qui avait dé-bloqué Mayence, remontait le Rhin pour lui couper la retraite. Il dut meme lui livrer un combat avant de repasser sur la rive gauche par Brisacli et Huningue. Cette retraite est restée célébre. « Cepen-dant, dit le inaréchal Soult, il faut convenir qu’elle était loin d’offrir les mémes difficultés que la retraite de l’armée de Sambre-et-Meuse avec laquelle Moreau eüt mieux fait d’opérer sa jonetion, » au lieu de chercher å se rapprocher de' l’armée d’Italie.
Ces défaites en Allemagne contribuaient encore a grandir la gloire de Bonaparte. On comparait ses merveilleuses marches offensives « avec la misérable .reculade » de Jourdan. On oublia ]a reconnaissance qu’on devait au chef cle l’armée de Sambre-et-Meuse pour ses succes de 1793 et 1794; on ne sentit pas que, meine aprés cette derniére Campagne, des soldats malheureux mais braves jusqu’au bout méri-taient qu’on les réspectåt, du moms par le silence, dans la personne de leur général. Ce général n’avait jamais été indigne d’eux : il avait bien pu faire des fautes, mais ses échecs avaient surtout pour origine le plan défeetueux qu’on lui avait imposé. On n’hésita pas cependant å caricaturer le vainqueur cle Wattignies et de Fleurus. On représentait un général républicain å cheval sur une écrevisse, la tete tournée vers la queue et se dirigeant sur une urne fluviale avec cette inscription : Le Bhin. Au-dessus, ce verset de la Bible : Et tu Jordanus, quia con-versus es retrorsum. Derriére ce cavalier d’un nouveau genre, on voyait une couronne cle lauriers avec ces mots : Réservé pour l’enfant chéri de la victoire.
L’allusion å Bonaparte n’échappait å personne. Aprés la seconde Campagne contre Wurmser, l’admiration que ses premiers succés lui avaient acquise devenait de l’enthousiasme. Le grave Carnot lui écri-vait, le troisiéme jour complémentaire an IV (19 septembre 1796) : « NouS attendions, mon eher général, avec une grande impatience que vons concevez facilement, le resultat de l’action que vous avez annoncée