PREMIERE CAMPAGNE D’ALVINZY.
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par votre courrier précédent. Nous venons de recevoir vos derniéres nouvelles et, quoique accoutumés aux choses les plus extraordinaires de votre part, nos espérances ont été surpassées par la victoire de Bassano. Quelle gloire pour vous, immortel Bonaparte, quel coup porte å l’orgueilleuse Autriche! )) L’Autriche ne s’en serait pas relevée si toutes nos armées eussent eu le méme succfes que celle d’Italie. Mais, comme le faisait comprendre Carnot, ces cléfaites, qui rehaussaient la gloire de l’armée d’Italie, l’exposaient encore a de nouveaux dangers, et sa situation allait étre aussi difficile qu’au début de la Campagne.
En effet, Venise, Rome, Naples, Genes, le Piémont, Modéne s’agi-taient, et une nouvelle armée de 80.000 bommes se préparait å franchir les Alpes sous le commandement d’Alvinzy, gentilhomme transylvain, vétéran de toutes les guerres que 1’Autriche avait soutenues clepuis soixante ans. Il avait pris part å la guerre de Sept ans, å la guerre de la succession de Baviére, å la guerre contre les Tures, et avait nierne participé å la répression des troubles de Belgique en 1790-1791.
Davidovich, qui a réuni 20.000 hommes dans le Tyrol, doit descendre 1’Adige tandis qu’Alvinzy s’avance par le Frioul avec 40.000. Les deux armées doivent se réunir sous Vérone, écraser Bonaparte en l’attaquant des deux c6tés et débloquer Mantoue.
Alvinzy, en effet, entre å Bassano, rejette Masséna dans Vérone et occupe les hauteurs de Caldiero, pendant que Davidovich occupe Trente et rejette Vaubois de'Calliano sur le plateau de Rivoli. Les Frangais perdent 6 canons et laissent un certain nombre de prisonniers entre les mains de l’ennemi. Bonaparte tente alors d’enlever de vive force les hauteurs de Caldiero, mais il n’a que 20.000 hommes contre 40.000; il est repoussé avec de grandes pertes (12 novembre). Les soldats se découragent. Pourquoi le Directoire lesabandonne-t-il? Pour-quoi faut-il qu’ils supportent seuls le poids de la guerre ? Pourquoi, outre les armées d’Italie, faut-il qu’ils aient å vainere toutes les armées venues d’Allemagne ? Bonaparte lui-méme écrit au Directoire une lettre désespérée.
« Tous nos généraux d’élite sont hors de combat : Joubert, Lannes, Lanusse, Victor, Murat, Charlot, Dupuis, Rampon, Pigeon, Menard,