138
NAPOLEON I«
å un acte de violence. Hoche se mit en mouvement vers lacapitale avec quinze mille hommes; mais les Conseils ayant appris qu’il était å la Ferté-Alais, a une distance interdite par la Constitution, venaient de le inettre hors la loi; il recula. Le Directoire s’adressa å Bonaparte. Ce général avait fait célébrer le 14 juillet avec une grande pompe, pro-nongant å cette occasion une proclamation toute jacobine, ou il faisait entendre des paroles qui s’accordaient mal avec sa conduite en Italie. Il s’y élevait avec une rare violence contre ces émigrés et ces pré-tres, qui sont l’opprobre de la nation et l’exécration du genre liumain : « Tremblez, traitres, disait-il; del’Adige å la Seine il n’y a qu’un pas, et le prix de vos iniquités est au bout de nos ba'ionnettes. » Il répondit å la demande du Directoire en lui envoyant Augereau, le faubourien de Paris. Il débarrassait avec plaisir son armée « d’un factieux digne de Babeuf », qui cherchait å y jeter le désordre et qui, d’ailleurs, était celui de tous ses lieutenants qui convenait le mieux å la besogne qu’on attendait de lui.
L’entrée de la division Augereau dans Paris permit au Directoire d’agir comme il l’entendait; mais ni Bonaparte, ni Augereau lui-méme, ne peuvent étre rendus responsables des représailles ladies et cruelles dont les vainqueurs se rendirent coupables, violences assez odieuses pour que les contemporains y aient vu une seconde Terreur. Aussi ce coup d’État ne profita qu’au parti militaire qui commen^ait å se former : a la suite de ces longues guerres, le soldat ne se confondait plus avec le citoyen.
« Le parti militaire, dit Fiévée, satisfait d’une victoire dont les consé-quences devaient lui livrer l’avenir de la France, retourna å ses ba-tailles, laissant au gouvernement l’odieux de l’exécution des clécrets rendus. Je suis persuadé que, parmi les généraux qui comprenaient le mouvement auquel ils avaient aidé, on n’en aurait pas trouvé un seul capable de refuser asile au proscrit qui serait venu le lui demander... »
Lorsque La Valette, å son retour de Paris, retrouva Bonaparte au quartier général de Passeriano, le général se fib raconter dans les plus petits détails tout ce qui s’y était passé. Le récit achevé, il resta un instant silencieux, puis : « Pourquoi avec des formes si rudes, dit-il, pourquoi tant de faiblesse ? Pourquoi ensuite tant de témérité