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NAPOLEON I«
en France meine la guerre qu’on voulait porter ailleurs. Mais Barras, Francois de Neufcliateau et Merlin de Douai redoutaient la présence de Bonaparte et sa popularité, qui contrastait trop avec les Sentiments dont le Directoire était l’objet. L’occasion s’offrant de sé débar-rasser d’un général que ses victoires rendaient genant, les Directeurs ne manquérent pas de la saisir. Ils confiérent å Bonaparte l’armée d’Italie, les flottes de la Méditerranée, et lui donnérent de pleins pouvoirs pour la conquéte qu’il niéditait. Ils espéraient avoir supprimé le péril en l’a-journant. Mais il arriva alors ce que l’on avait vu å Carthage lorsque les Hannon luttaient contre les Barca. Les Hannon s’étaientfélicités de voir Hamilcar accepter le commandement de l’armée d’Espagne. Ils es-sayaient de se débarrasser ainsi de leur plus dangereux adversaire; mais Hamilcar trouvait, d’autrepart, dans la guerre d’Espagne, un moyen de satisfäire a la fois son ambition et son patriotisme. Il allait ajouter å son nom l’éclat des victoires lointaines et pouvait espérer, å son retour å Carthage, devenir maitre du pouvoir sans étre obligé d’avoir recours å quelque entreprise violente et par conséquent incertaine. Hamilcar ne revint pas de l’Espagne; mais son expédition le désignant å l’at-tention universelle, donna å son parti une teile popularité que la puis-sance des Hannon fut renversée par ceux qu’ils croyaient avoir å ja-mais éloignés du pouvoir, en les privant de leur chef.
Bonaparte fit ce qu’avait fait Hamilcar; sonEspagne ce futl’Egypte. Il s’y couvrit de gloire et y gagna ce qui lui manquait pour renverser un gouvernement qui, en se privant de lui au moment ou une nouvelle coalition se préparait, donnait å nos ennemis une confiance nouvelle. Les préparatifs furent faits avec activité, Bonaparte eut bientot 36.000 hornmes, 2.500 cavaliers, 10.000 marins; des généraux déjå, célébres ou qui ne clevaient pas tarder de le devenir furent aussi du voyage : Kléber, Desaix, Reynier, Menou, Caffarelli Dufalga, Dugua, Berthier, Lannes, Murat, Marmont, qui clevaient plus tard étonner l’Eu-rope par leur rare fortune, tel était le brillant état-major du général en chef. Les savants et les artistes étaient accourus pour visiter une terre si féconde en souvenirs de tous genres. Monge, Berthollet, Conté, Do-lomieu, Desgenettes, Larrey, l’archéologue Jomard et bien d’autres