CAUSES DE L’EXPÉDITION D’ÉGYPTE.
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Ce guerrier vant son pesant d’or.
En France, personne n’en doute;
Mais il vaudrait bien mieux encor S’il valait tout ce qu’il nous coftte.
Bonaparte fut plus heureux avec le Directoire. Il lui montra la faci-lité qu’il y avait de chasser les beys d’un pays ou ils étaient détestés pour leurs cruautés, (importance pour la France d’avoir une colonie å l’entrée de l’Asie , de détruire les comptoirs anglais de la mer Rouge, enfin de percer l’isthme de Suez et d’ouvrir ainsi å la République une route nouvelle qui permettrait d’arriver aux Indes plus vite et plus
Fig. 53. — Gaspard Monge. D’aprés un dessin de Boilly. Fig. 54. — Larrey. D’aprés une gravure du temps.
surement que par le passé, d’y combattre l’influence anglaise en s’ai-dant de peuples naturellement alliés, d’y ruiner les satellites d’un gou-vernement détesté, et de tarir les sources d’une richesse corruptrice qui était employée å soulever l’Europe contre la France. Du reste, dans la pensée de Bonaparte ce projet n’empéchait nullement un clébarque-nient en Angleterre : d’aprés lui, l’invasion exécutée en novembre ou en décembre serait presque certaine, et paralyserait une partie de ses forces. Pitt, obligé de défendre deux pays aussi éloignés que l’Egypte et l’Angleterre, s’épuiserait par un effort immense et ne saurait se relever de longtemps.
De tels raisonnements décidérent lesdirecteurs. La Révelliére etRew-bell comprenaient bien qu’en se privant d’une excellente armée dans un moment difficile comme celui qu’on traversait, on s’exposait å voir