NAPOLÉON Ier.
fatigues qui devait dans leur pensée leur donner un surcroit de gloire. Le général résolut de mettre å profit ces dispositions belliqueuses. Le 9 mai, il adressa une proclamation restée fameuse, qui fut comprise de tous parce qu’elle résumait la pensée d’une armée :
« Soldats, vous étesune des ailes de l’armée d’Angleterre. Vous avez fait la guerre de montagnes, de plaines, de siéges, il vous reste å faire la guerre maritime.
« Les légions romaines, que vous avez quelquefois imitées mais pas encore égalées, combattaient Carthage tour å tour sur cette méme mer et aux plaines de Zama. La
Fig. 57. — L’amiral Brueys. D’aprés une gravure de Viguéres.
victoire ne les abandonna jamais, parce que constamment elles furent braves, patientes å supporter la fatigue, disciplinées et unies entre elles. Soldats, l’Europe a les yeux sur vous! vous avez de grandes destinées å rernpür, des batailles å livrer, des dan-gers et des fatigues å vaincre, vous ferez plus que vous n’avez fait pour la prospérité de la patrie, le bonheur des hommes et votre propre gloire. »
La flotte se composait de trois cents voiles et portait 40.000 hommes. Elle formait quatre divisions : l’une étaitåToulon, les autres å Ajaccio, Genes, Civita-Vecchia. Le commandement appartenait å Brueys, qui passait pour un des meilleurs amiraux de la République. Durant les premiéres lenteurs de la traversée, sur le vaisseau amiral V Orient, qui portait tant de renommées scientifiques et militaires, Bonaparte révait tout la fois, débordait d’idées et d’inventions. « On parlait guerre, beaux-arts, liberté, conquéte du monde, littérature, tragédie, dit Ville-main dans ses Mélanges littéraires; le général revenait surtout å ce der-