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NAPOLEON 1er.
cliangé; les Frangais se trouvaient enfermés dans leur conquéte; Mourad bey, aprés une soumission de quelques mois, prenait de nouveau la haute Egypte. De plus, l’Angleterre et la Russie, animées des memes craintes et des mémes haines, fatiguaient Sélim III de leurs instances et ]’éblouissaient de leurs promesses. Enfin, aprés de longues hésitations, le Divan se décida å déclarer la guerre, et tandis que deux armées turques se formaient, l’une a Damas et l’autre å Rhodes, une proclamation du Sultan soulevait l’Egypte.
En effet, malgré les efforts de Bonaparte pour se concilier les imans, ceux-ci regrettaient leur indépendance et leur ancienne auto-rité. Beauconp avaient résisté; quant å ceux qui avaient fait leur soumission, on ne pouvait compter sur leur ficlélité, car ils n’attendaient qu’une occasion favorable, et cette occasion s’offrant å eux, ils se hå-térent de la saisir. L’heure des infidéles est arrivée, disaient les clieiks dans leurs discours, le commandeur des croyants vient de se lever contre eux. Il n’en fallait pas tant pour insurger une multitude chez qui la haine des chrétiens était un article de foi; le 21 octobre 1796, la population du Caire s’émeut tout d’un coup, court aux armes, livre au pillage la maison de l’état-major, et massacre les Fran-gais qu’elle rencontre. Le conimandant de la place, le général Dupuy, voulant charger les révoltés avec son escorte, tonibe percé d’un coup de lance.
Mais la position la plus critique était celle des habitants du quartier de (Institut. Coupés du quartier général, sans armes, ayant å faire face å une populace que le sang répandu rendait de plus en plus féroce, ils se réfugient tons péle-mcle dans le palais d’Hassan Kaclief. Toutefois une pareille retraite ne pouvait leur offrir qu’un asile précaire : un faible treillage, quelques portes mal barricadées, tels étaient leurs moyens de défense.
Néanmoins ils résolurent de faire bonne contenance en attendant les secours qui ne pouvaient manquer d’arriver; on se distribua les gardes des portes, les sabres et les épées tinrent lieu de fusils, enfin on n’hésita pas å prendre les instruments de mécanique et å en faire des armes pour fortifier les murs et garder les issnes. Un jour et