186 NAPOLEON Ier.
nementcles secours de Louis XVI, puis de la Convention, avait repris les armes en apprenant les succés des Frangais et avait écrit au Di-rectoire pour lui demander 1.500 hommes et une flotte « au nom de l’an-cienne amitié qui l’unit å la France et qui durera autant que le soleil et la lune brilleront dans le ciel ». Ces relations d’un souverain despo-tique de l’Orient avec la République frangaise sontassez curieuses pour que nous donnions quelques détails, d’aprés l’article de M. H. Castan-net des Fosses, publié dans la Hevue de la Bévolution, du 5 aoüt 1885.
Parmi les Frangais qui étaient dans l’entourage du sultan du Maissour des le début de la Révolution, se trouvait un ancien corsaire nommé Ripaud. Ripaud était parti-tisan de la Révolution. Il parfait souvent au sultan de la lutte que les jacobins soute-naient contre l’Europe et des défaites qu’ils infligeaient aux armées de la coalition.
Les jacobins étaient en guerre avec l’Angleterre. Il n’en fallait pas davantage pour les rendre sympathiques ä Tippou-Saib, tout disposé å voir en eux des alliés qui allaient prochainement lui apporter leur concours. Ripaud se garda bien de lui enle-ver ses illusions. Il les entretint, au contraire, en lui donnant å entendre que les jacobins ne laissaient jamais succomber l’allié de la France, et e’est ici que la comédié devient bouffonne. Ripaud ajouta que le vrai moyen de décider les jacobins å venir lui porter secours dans le plus bref délai, était d’organiser un club semblable å ceux qui existaient å Paris, et que de cette maniére il était certain de se rendre populaire en France et de conquérir les sympathies du gouvernement. Un club de jacobins fut orga-nisé å Seringapatam, et tout naturellement Ripaud présida ä cette fondation. La nou-velle société fut solennellement inaugurée et tint sa premiere seance le 5 mai 1797. La plupart des Franjais qui résidaient dans la ville y assistaient, et tous étaient coifi'és du honnet rouge. Les indigénes musulmans ou gentils, qui se trouvaient ä cette reunion , ne se rendaient pas bien compte de ce spectacle nouveau parmi eux. Beaucoup d’entre eux portaient la cocarde tricolore, pensant qu’ils se feraient bien voir de leurs amis les Frangais. Tippou Saib se rendit solemiellement au club. Il portait le bonnet phrygien ainsi que les officiers qui l’accompagnaient. Il prit place au bureau. Ri-paud lui avait en quelque sorte donné la présidence honoraire. Les Frangais se lévent en sa présence, s’empressent de l’acclamer et entonnent la Marseillaise. On pousse le cri de « Vive la Liberté! » et on jure solennellement haine å tous les tyrans ä l’exception du citoyen Tippou-Saib le Victorieux.
Tippou-Saib avait été pen récompensé de ses singuliéres manifestations. L’année suivante, le gouverneur de l’ile de France put settlement lui envoyer une quarantaine d’officiers et environ 300 soldats européens ou mulåtres, qui s’embarquérent au mois de mårs sous les