BATAILLE DU MONT THABOR.
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vant-garde des Ottomans sur les hauteurs de Loubyeh, le 11 avril, étaient cernés dans la plaine, au pied du mont Thabor, par toute l’armée turque; ils n’avaient que 3.000 liommes contre 12.000 cavaliers et autant de fantassins : ils étaient menacés (Tune compléte destruction.
L’arrivée de Bonaparte et de ses 2.000 liommes sauva les deux gé-néraux frangais. Kléber avait essuyé depuis les premiéres lueurs du jour les charges de la cavalerie turque ét les avait repoussées avec la plus grande bravoure, lorsque le lendemaiii matin, vers les 9 heures, le général Bon attaqua l’ennemi sur ses derriéres, et s’empara de son camp. Aprés avoir cerné les Frangais les Tures étaient cernés å leur tour ; les divisions frangaises étaient disposées de maniére å former les trois angles d’un triangle équilatéral; l’ennemi setrouvait au centre ; aussi, dés les premiéres décharges, l’épouvante se mit dans ses rangs. Tures et Arabes se débandérent; tandis que la cavalerie gagnait en toute håte le Jourdain, l’infanterie cherchait un refuge sur les hauteurs. La nuit empéeha les Frangais de massacrer les débris de ces troupes, qui le matin. meme étaient maitresses du champ de bataille; l’armée de Damas n’existait plus. Elle avait servi cependant å faire diversion et å épuiser les munitions de l’armée.
En effet, revenn dans son camp, Bonaparte manquait de boulets. Sydney Smith se chargea de nous en procurer. On faisait paraitre de temps en temps sur le rivage des pelotons de fantassins, ou de cavaliers. Aussitöt le commodore anglais faisait feu de toutes ses pibees et les soldats allaient ramasser dans le sable les projectiles que l’escadre anglaise faisait pleuvoir si coinplaisamment. Le taux était, pour un boulet de 36 ou de 33, de vingt sous; de 12, quinze sous; de 8, dix sous. « C’était un spectacle singulier de voir les soldats, formes en groupe sur le rivage, s’offrir aux canons anglais comme point de mire, puis, quand ils avaient provoqué une décharge, courir péle-méle å la poursuite des boulets amortis. Un soldat de la 13° demi-brigade en ra-massa alui seul, dans une soirée, pour plus de 80 francs (1). » Depareilles ressources étaient bien précaires; Bonaparte le comprenait mieux que
(1) Ilistoire scientifique et mllitaire de Vexp edition franqaise en Égypte, Paris, in-8°, 1830-36, t. V, p. 298.
NAPOLEON Ier.
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