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NAPOLEON Ier.
L’absence de sécurité, qui s’ajoutait å la pauvreté générale pour arréter les affaires, provenait de deux causes, l’une morale, l’autre matérielle. La premiére était le pen de probité des négociants, qui, voyant l’État donner l’exemple, hésitaient peu å manquer å leurs engagements, et n’éprouvaient aucun serupule å. faire banqueroute. La seconde était la difficulté des transports et des Communications.
L’ensablement de plusieurs ports, comme ceux de Rochefort et de la Rochelle, menagait d’entraver complétement l’entrée des bassins; les jetées et les moles menatjaient mine. La méme ou 1 entretien des travaux existants était le plus nécessaire et ou leur destruction pou-vait amener les plus affreux désastres, la négligence était aussi grande. Les populations des cotes flamandes vivaient dans les transes perpé-tuelles; un fort coup de vent pouvant amener la rupture des digues qui, seules,’ empéehaient le pays d’etre submergé. Les canaux s’enva-saient; les ponts étaient en ruines; niais c’est surtout pour les routes que le mal était sensible.
« Les plaintes sur ce point, dit Fourcroy, se font entendre d’un bout a l’autre de la France; les chaussées sont détruites presque partout : elles n’ont plus d’encaissement. Les pierres en sont écartées, déplacées, broyées; une boue liquide les remplace. Des orniéres profondes, inegales et multipliées sillonnent de toutes parts la route et n’en sont pas cependant les parties les plus dangereuses. Des trous de plusieurs metres d’é-tendue et de cavité, remplis d’une terre molle qui en cache l’existence et l’entrée, forment de fréquents prccipices oü les voitures peuvent étre englouties lorsque les con-ducteurs ne les connaissent pas exactement et ne savent pas les éviter. Ce malheur devient presque inévitable lorsque deux voitures se rencontrent et sont obligées de se croiser; aussi est-il tres commun. de trouver des cliarrettes ou des carrosses renversés ou enfoncés de maniére que, pour les tirer de ces trous lorsqu’ils ne sont qu embourbés, il faut en creuser le devant, ce qui dégrade de plus en plus le chemin, et ensuite doubler le nombre des chevaux qui y sont attelés ou y ajouter la force de plusieurs paires de bæufs.»
Les difficultés des Communications favorisaient les entreprises des bandes de brigands, épaves de la misére et de la paresse, éeume de la Revolution et de la guerre. Elles désolaient les campagnes et n’hé-sitaient pas méme å pousser leurs expéditions jusque dans les fau-bourgs des grandes villes. Depuis les guerres de religion, peut-étre,