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NAPOLEON Ier.
des æuvres de peinture et de sculpture reprenait de l’activité. Mais si l’on considére l’ensemble de la nation, jamais les intéréts intellec-tuels n’avaient été plus négligés. Jamais l’instruction publique, sous l’ancien régime, n’avait été dans un état plus déplorable.
Pour 1’Assistance publique, tous les commissaires témoignent de la détresse des höpitaux-, du nombre considérable des enfants abandonnes et deleur effroyable mortalité par suite de la misére. « Ces enfants aban-donnés coutent beaucoup au trésor, écrivait Regnaud. de Saint-Jean d’Angely, ou plutöt, ilslui coüteront beaucoup quandil paiera. » Four-croy estime que si l’État eut voulu payer seulement aux nourrices la moitié de l’arriéré qui leur était du, la somme se serait élevée å vingt-cinq millions.
Pour faible qu’il füt, le gouvernement du Directoire n’en était pas moins violent; on sait avec quelle åpreté de vengeance et quelle absence de scrupule il frappait ses adversaires lorsqn il était en etat de le faire. Le 18 fructidor était lå pour le dire, et, tout récemment encore, l’odieuse loi des otages, qui renclait responsables des agissements des émigrés leurs parents restés en F rance. On put croire, a partir de fructidor, que la Terreur était revenue sous une autre forme et qu’il n’y aurait entre les deux régimes d?autre difference que celle que l’on peutmettre « entre tuer et faire mourir ». M. V. Pierre, dans 1 ou-vrage récent intitulé précisément la Terreur sous le Directoire, rappelle qu’il y eut plusieurs milliers d’arréts de déportation; l’on envoyait les coupables dans des regions insalubres ou la mort était presque certaine. Aussi appelait-on la Guyane <£ la guillotine sbche ». On ne s’en tenait pas lå d’ailleurs, et si on ne guillotinait plus on fusillait encore. La Revelliére, le mystique théophilanthrope, et Merlin le légiste étaient les principaux auteurs de ces mesures. Un des défen-seurs du régime, l’abbé Grégoire, a pu dire : « Qne le Directoire ait été perséeuteur, qu’il lait été avec acharnement et avec fureur, c’est un fait indéniable. »
Les forces vives cle la France semblaient atteintes, et partout les rapports envoyés au gouvernement signalent,non seulement unmécon-tentement, mais un découragement épidémique. Ces sentiments domi-