NAPOLEON I'-‘\
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« du rétablissement d’une monarchie constitutionnelle et héréditaire; si celaarrivait, les « suffrages des autorités et de la saine partie de la nation ne se décideraient pas pour un « Bourbon. Les suffrages se déclareraient pliitdt pour un prinoe allemand et protestant. « C’est le frére du roi notre maitre, c’est le prince Louis de Prusse, fils du prince Ferdi-« nand.» Enfin, ces incorrigibles intrigants, impatients d’un. maitre, en reviennent faute de mieux å l’étrange candidature qu’ils avaient déjå produite en 1792, celle du duc de Brunswick, l’auteur du manifeste, le vaincu de Valmy.Narbonne voulait faire de lui un généralissime et Carra le déclarait digne de régénérer la France. Talleyrancl et Sieyés avaient trempé dans l’affaire, ils sont préts å la renouer et plus sérieusement en 1799. »
C’est que le duc de Brunswick, en dépit de sa conduite en 1792, continue å passer pour un prince « vertueux et ami des lumiéres ». C’est « un philosophe ». Il est affilié å la franc-magonnerie; ainsi ce prince souverain d’Allemagne, généralissime des troupes prussiennes contre la Révolution, se trouve étre le candidat des sociétés secrétes! D’autres songeaient å un Bourbon d’Espagne, son usurpation devant en faire néces-sairement l’adversaire des autres princes de sa maison. Mallet du Pan dit que c’était lå, des 1796, un projet de Tallien. Quant ä Barras, il traitait avec le comte de Provence; mais il n’était guidé en cela par aucune idée politique : il cédait ä des considérations purement pécuniaires. Le projet était sérieux cependant : il semble résulter d’un passage des Mémoires de Fiévée, ådessein obscur, que Louis XVIII avait cru devoir, malgré les dangers d’une teile démarche, venir faire un voyage en France en 1798. Mais pour tous ces projets, qui dépendaient de princes résidant hors de France et em-barrassés dans les liens de la politique européenne, le succes était bien problématique.
Sieyés, quoique mele å ces intrigues étrangéres, pensait qu’il était plus sur cle chercher coté de soi ce'tte épée dont la France avait besoin. Pour la tete qui devait sauver la patrie, avec l’appui de l’épée, Sieyés n’en était pas en peine, il ne mettait pas en doute un instant que ce ne fut la sienne.
La Révolution n’avait pas tenu ce qu’il en avait espéré : la Constituante ne lui avait pas laissé joner ]e role de « promulgateur des lois de l’avenir » auquel il avait cru d’abord. pouvoir prétendre; il s’était bientot renfermé dans un silence que Mirabeau signalait comme une calamité publique. Ce silence, qu’il ne rompait que par des plirases sententieuses et rares, donnait le prestige du mystére et de la profon-deur aux conceptions politiques qu’on lui attribuait. Pendant la Terreur, « il avait vécu », c’était beaucoup; aprés le 9 thermidor, il crut que son jour était enfin arrivé; mais si sa place était marquée d’avance dans le nouveau comité de constitutiou qui fut formé alors,