ARMEE DU RHIN. — PLAN DE MOREAU.
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coup. Bonaparte pensait que l’armée frangaise, n’opérant pas sur le sol ennemi, pourrait, derriére le Rliin, dérober deux ou trois marches aux
Autrichiens : c’était tout ce qu’il fallait. Mais Moreau était un général trop méthodique pour comprendre une teile hardiesse. Il redoutait que Kray, averti å temps et pouvant aller plus vite paria ligne clroite
å travers la foret Noire, tandis que les Frangais suivaient la ligne brisée du Rhin, ne jetåt dans le fleuve les premieres troupes qui tenteraient de le franchir et rendit impossible toute tentative faite pour exé-cuter le passage en un seul point. Il préférait déboucher en plu-sieurs colonnes par Strasbourg, Brisach, Båle, attirer les Autri-cliiens dans les défilés de la foret Noire qui font face å l’Alsace. Tandis que l’ennemi serait ainsi occupé, une partie des troupes demeurant encore sur la rive droite remonterait rapidement le Rhin et viendrait å Schaffouse protéger le passage du reste de
Fig. 101. — André Masséna, duc de Kivoli. Tableau de Gros.
l’armée qui aurait suivi la rive gauche. Cette marche de flane en pays ennemi offrait des dangers et, å supposer un succés complet, les resultats seraient loin cl’étre aussi décisifs. Mais Napoléon jugeait qu’å un général déjå justement illustre on ne pouvait imposer d’au-torité un plan aussi liarcli que celui qu’il désirait sans risquer de tout perdre. Pour convaincre Moreau, il fit venir å Paris son chef d’état-major, le général Dessoles : il n’eut pas de peine å le convaincre lui-méme.
« Mais Dessoles n’en persiste pas moins å conseiller au Premier Consul d’adopter le plan de Moreau, parce qu’il fallait, suivant lui, laisser le général qui opére agir NAPOLÉON Ier. 36