PLANS DE BONAPARTE.
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souvenirs. L’ennemi nous laissait 5.000 prisonniers, 1.200 chevaux, 300 voitures (18 juin).
Kray s’empresse de quitter Ulm et, faisant un détour par Heidenheim, Neresheim et Nördlingen, rejoint avec grand’peine la route de la vallée du Danube å Daunowerth, comptant occuper la ligne du Lecli par derriére. Mais Lecourbe était déjå sur la rive clroite de la riviére; Kray vent alors se poster sur l’Isar, mais Moreau avait occupé Munich. Il se retire enfin derriére l’Inn. Les troupes de Moreau se-tendaient du Tyrol (Lecourbe) å Philipsbourg sur le ’Rhin; on venait d’apprendre les éclatants succés de Bonaparte en Italie. Kray et Moreau signérent l’arinistice de Parsdorf (15 juillet). Dans le derniercom-bat de la Campagne, livré å Oberhausen pres de Neubourg, entre Daunowerth et Ingolstadt, avait été tué d’un coup de lance l’illustre Latour d’Auvergne, celui que Bonaparte avait surnommé le premier grenadier de France.
Tandis que Moreau commengait avec sa belle armée ses opérations offensives, Napoléon était encore occupé å rassembler secrétement les forces qu’il devait porter au centre de l’Italie septentrionale. Il pou-vait disposer (Tune partie des troupes de l’Ouest rendues libres par la pacification presque compléte de la Vendée, et il écrivait å Brune : « Il faut nous résoudre å arpenter la France comme autrefois la vallée de 1’Adige : ce n’est jamais que le rapport des décades aux jours. » Les dépots de l’armée d’Egypte cantonnés dans le Midi pouvaient aussi donner plusieurs bataillons et, tout en laissant 30.000 bommes dans les pays récemment annexés ou å peine soumis, le Premier Consul pouvait ainsi disposer de 40.000 soldats pour la Campagne.
Mais le plan qu’il avait congu exigeait pour son exécution non settlement beaucoupde célérité et d’audace, mais aussi un profond secret.
Le secret, dit Napoleon dans ses Mémoires, était le plus difficile å conserver; com-ment tenir caché aux nombreux espions de l’Angleterre et de l’Autriche le mouve-ment de l’armée? Le moyen que le Premier Consul jugea le plus propre, fut de le divulguer lui-méme, d’y mettre une teile ostentation qu’il devint un objet de raille-rie pour l’ennemi, et de faire en sorte que celui-ci considéråt toutes ces pompeuses annonces comme un moyen de faire une diversion aux opérations de l’armée autri-