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NAPOLEON I".
Francais de passer sur la rive clroite du P6; mais L armes avait déjå franchi le fleuve et occupait le défiléde la Stradella, seul passage qui mette en communication Plaisance et Alexandrie. Ott vent forcer le passage entre Montebello et Casteggio (9 juin) et est rejeté sur la Bormida.
Ainsi tout se trouvait disposé de teile sorte qu’une seule bataille livrée par Napoleon sur un terrain presque désigné d’avance en-trainerait la ruine conipléte de l’ennemi. Quelle était, en effet, la situation de Mélas? Tons les passages du P6 étaient gardés de Pavie a Plaisance, et s’il voulait forcer le Tessin, il rencontrait 10.000 honimes placés å Pavie pouvant défendre å outrance le passage et donner å Bonaparte le temps d’accourir en une journée de la Stradella, ou il avait son quartier général. S’il se dirigeait vers Genes, il trouvait Suchet et Masséna. En face de lui, sur la route qui longe le PO, il se heurtait å Bonaparte hii-méme et å la principale concentration de troupes. Ainsi, il fallait que Mélas remportåt une grande victoire rien que pour assurer sa retraite et sauver son armée. La défaite des Fran-§ais ne pouvait avoir pour eux de resultats fort graves, puisque meme obligés de laisser passer les Autrichiens, ils pouvaient toujours se con-centrer ensuite et garder leurs Communications avec la France. A tout événement, quelques détachements avaient été laissés å Arona pour garder la route du Saint-Gothard. Le succfes de Bonaparte de-vait, au contraire, amener la ruine totale des Autrichiens.
Le 12 juin, Bonaparte avait quitté la Stradella pour aller au-devant de l’ennemi, qui devait, pensait-il, se diriger sur Plaisance : il établit son quartier général å Voghera. Mais lorsqu’on eut fait explorer la vaste plaine qui s’étencl de la Scrivia å la Bormida, il apprit avec éton-nement qu’il n’y avait pas un seul ennemi; les Frangais occupérent méme sans combat le village de Marengo. Bonaparte, jugeant trop de son adversaire par lui-méme, ne put croire que dans des circons-tances si critiques, M. de Mélas n’eut pas pris une décision prompte. « Si l’ennemi voulait suivre la grande route de Plaisance, pensait-il, c’est ici qu’il m’attendrait; ici sa nombreuse artillerie et sa belle cava-lerie auraient de grands avantages; il faut done qu’il se soit dirigé soit