NAPOLEON I01'.
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(1) Ce n est pas lå le seul fait qui prouve que Bonaparte n’avait alors rien de ces Sentiments de jalousie mesquine å l’égard de Moreau qu’on lui a prétés plus tard. Le témoignage de Bourrienne est d’autant plus digne de foi que ses Mémoins, dont la plus grande partie n’a pas été rédigée par hü, ne sontpas précisément bienveillants pour Napoléon. Bonaparte, malgré tout l’intérét qu’il portait å son ancien camarade, n’avait pu lui permettre de compromettre son titre de conseiller d’État
principal snit la route de Mühldorf å Munich ; une autre colonne passe plus au nord; les deux autres prennent des chemins de traverse qui parcourent la foret. Moreau avec la division Ney se place å Hohenlinden, village ou la route de Mühldorf å Munich s’embranche vers le nord sur Freisingen. C’est par lå que la position de la capitale de la Baviére peut étre tournée : c’est lå que Moreau arrétera les co-lonnes autrichiennes et les empéchera de se développer en cleliors de la foret. II dirige Grenier vers la gauclie pour s’opposer å la droite autrichienne. Richepanse avec Decaen doit se diriger d’abord å droite sur Ebersberg, puis de lå å travers la foret sur Mattenbot afin de prendre en flane ou å dos l’armée autrichienne dans sa marche offensive.
Ce mouvement est exécuté avec une audaee et une rapidité rares. Tout un régiment de cuirassiers est surpris et fait prisonnier sans avoir eu le temps de remonter å dieval. Cependant les troupes autrichiennes du centre avaient atteint Hohenlinden, et attaquaient nos
positions avec leur valeur accoutumée. Bientot elles se troublent : Moreau s’en apergoit avec sa sagacité ordinaire. « C’est le moment de charger, dit-il å Ney, dont il a contenu jusque-lå la bouillante ardeur; Richepanse et Decaen doivent étre sur les derriéres de l’ennemi. » Ney prend avec joie l’offqnsive. Se guidant au bruit du canon, il se jette å la rencontre de Richepanse å travers les masses ennemies. Les deux généraux se rejoignent et s’embrassent sur le champ de bataille. L’armée autrichienne, coupée, désorganisée, se débande et fuit comme elle peut vers l’Inn. La gauche frangaise, obligée d’abord de reculer devant des forces supérieures, était déjå victorieuse de son coté lors-que Moreau lui envoya des secours. L’ennemi avait perdu 7 å 8.000 liommes, 12.000 prisonniers, 87 piéces de canon.
Bourrienne nous dit dans ses Mémoires que le Premier Consul sauta de joie en apprenant la nouvelle de cette grande victoire (1^).