TRAITÉ DE LUNÉVILLE.
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Pendant cette Campagne, Lecourbe opérait d’une maniére indépen-dante å 1’extreme droite, dans l’Inn supérieur, contre Hiller et Kle-nau, et y montrait son talent accoutumé pour la guerre de montagne. Il rentra en ligne apres Hohenlinden, surprit le passage de l’Inn å Neupern, prés de Rosenheim, etlivra sur les bords de la Salza un violent combat qui lui donna la vallée de la riviére. Tranquille de ce c6té, Moreau poursuit les Autrichiens sur la route de l’Inn. L’armée en-nemie essaye vainement de défendre les lignes de la Traun, de l’Ens et de l’Ips.
L’archiduc Charles était dans une sorte de disgråce : il avait signalé avec fermeté, au début de l’année 1800, les dangers de continuer la guerre contre un aussi redoutable adversaire que Napoléon, et on lui avait retiré alors le commandement des armées. Maintenant que ses prévisions n’avaient été que trop réalisées, on le suppliait de reprendre ce commandement. Mais il reconnut bientot que toute résistance était impossible et il demanda un armistice.
Moreau aurait pu, s’il l’eut voulu, entrer en vainqueur dans Vienne. Le premier des généraux frangais, il aurait atteint le but poursuivi vainement par Guébriant, Turenne et Villars. Plusieurs de ses lieute-nants le pressaient vivement de donner cette gloire å lui et A, son ar-mée. Moreau donna dans cette circonstan.ce un bel exemple d’éléva-tion morale et de patriotisme. — « Non, répondit-il, il vaut mieux conquérir la paix. Je n’ai pas de nouvelles cle Brune, de Macdonald, d’Augereau. Je pousserais peut-étre les Autrichiens au désespoir en leur infligeant une liumiliation inutile. Il vaut mieux nous arreter et nous contenter de la paix, car c’est pour elle seule que nous combattons. » L’archiduc Charles engageait d’ailleurs sa parole que l’armistice serait suivi iminédiatement de négociations tendant une paix séparée d’avec l’Angleterre. L’armistice de Steyer, signé le 25 clécembre 1800, nous livrait toute la vallée supérieure du Danube avec les places du Tyrol.
dans des affaires commerciales fort louches; il l’avait disgracié pour ce fait dés 1801. Bourrienne fut cependant nommé chargé d’affaires å Hambourg l’année suivante; mais la premiere le^on n’avait pas suffi, et l’Empereur dut le rappeler en 1813 pour malversations caractérisées, qui duraient depuis longtemps. Il suffit de rappeler ces faits pour faire comprendre avec quelle circonspection doivent étre admises les assertions de Bourrienne lorsqu’elles sont défavorables å son jage, qui ne fut peut-étre que trop indulgent. 11 n’en est pas de méme lorsqu’elles lui sont favorables.