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NAPOLEON I".
l’Espagne et la Sollande. Aussi l’Angleterre s’inquiétait-elle vivement de voir la France ainsi clébarrassée de tout ennemi snr le continent. II est vrai quelle pouvait encore compter sur nos troubles intérieurs.
Plus le nouveau gouvernement s’affermissait et devenait populaire, plus l’autorité se inontrait ferme, juste et active, plus les partisétaient exaspérés, car ils perdaient toute espérance d’une révolution nouvelle. Louis XVIII avait dans son entourage un certain nombre d’esprits chimériques, qui pensaient que Bonaparte se contenterait du röle de Monk. Ce prince, cédant trop facilement å, leurs conseils, avait tenté une démarche ou l’on ne reconnait pas l’adresse et la dignité qui marquérent en général sa politique. Dés le 20 février 1800, il adressait au Premier Consul une lettre qui resta sans réponse; il renou-vela quelques mois aprés sa tentative.
« Depuis longtemps, général, disäit-il, vous devez savoir que mon estime vous est acquise. Si vous doutiez que je fasse susceptible de reconnaissance, marquez votre place, fixez le sort de vos amis. Quant å mes principes, je suis Frangais : element par caractére, je le serais encore par raison.
« Non, le vainqueur de Lodi, de Castiglione, cl’Arcole, le conquérant de 1 Italie et de l’Egypte, ne peut pas préférer ä la gloire une vaine célébrité. Cependant vous perdez un temps précieux : nous pouvons assurer le repos dc la I’ rance. Je dis nous, parce qu& j’ai besohl de Bonaparte pour cela et quil ne le pourrait saus moi.
« Général, l’Europe vous observe, la gloire vous attend, et je suis impatient de rendre la paix å mon peuple.
« Louis. »
Cette fois, le Premier Consul voulut couper court å toute tentative ultérieure; son ambition était ici d’accord avec 1’opinion du pays et ses propres convictions sur l’intéret de la France. Il répondit en ces termes :
« Paris, 20 fructidor an VIII (7 sept. 1800).
« J’ai reju, Monsieur, votre lettre. Je vous remercie des choses honnétes que vous me dites. — Vous ne devez pas souhaiter votre retour en France. Il vous fau-drait marcher sur 500.000 cadavres. — Sacrifiez votre intérét au repos et au bonheur de la France; l’histoire vous en tiendra compte.
« Je ne suis pas insensible aux malheurs de votre famille. Je contribuerai avec plaisir ä la douceur et ä la tranquillité de votre retraite.
« Bonapabte. »