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NAPOLEON Ier.
parte, s’appuyer sur les Cophtes et il formå quelques regiments avec des Nubiens, jusque-lå réduits å l’esclavage. Il les appelait a la liberté par le courage, et ils s’en montrérent dignes. D’ailleurs, le pliysique de Kléber était de nature å frapper les Orientaux.
Le grand vizir comprit qu’il devait avoir recours å d’autres moyens que la guerre. Il arma le bras d’un pauvre fanatique, Soliman, qui aborda Kléber dans les jardins cl’Elfy Bey, au Caire, et frappa mortellement d’un coup de couteau au cæur « le grand chef frangais » (1). C’était le 14 juin 1800, le jour méme et presque å l’heure ou Desaix tom-bait sur le cliamp de bataille de Marengo.
Le plus anden des généraux de division, Menou, revendiqua le com-mandement. Il ne pouvait tomber, eu égard aux circonstances, en des mains moins capables de soutenir un si grand poids. C’était un bon administrateur, mais il ne possédait aucune des qualités d’un général. 11 avait jugé å propos de faire profession de maliométisme, de pren-clre le turban, de se faire appeler Abclallali-, et n’avait réussi qu’å se rendre ridicule aux yeux de l’armée, sans gagner plus d’influence sur les musulmans.
Les Anglais tentérent de nouveau un grand effort. Trois armées se dirigérent sur l’Égypte, 20.000 soldats européens, Anglais, Hessois, Suisses, Maltais, Napolitains, sous les ordres d’officiers exclusivement anglais, s’étaient rassemblés å Macri, en Asie Mineure; ils devaient, sous le général sir Ralpli Abercromby, se diriger sur Alexandrie; 30.000 Tures, braves mais sans discipline et sans ordre, se rassein-blaient en Syrie, enfin 7.000 Cipayes, partis de Calcutta, vinrent débarquer a Kosseir, dans la mer Rouge. Cela faisait å pen prés 60.000 hommes, auxquels les Frangais n’avaient que 18.000 hommes å opposer.
Bonaparte, trés préoccupé de l’Égypte, avait vainement tenté d’y envoyer des renforts. Ganteaume, aprés avoir croisé trois inois dans la Méditerranée, avait eru clevoir ramener å Toulon les 5.000 hommes qui auraient pu tout changer. Menou était réduit å ses seules forces. Il commit faute sur faute : méprisant les conseils de ses collégues, au lieu
(1) Le squelette de Soliman a été placé dans le Muséum d’histoire naturelle de Paris.