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NAPOLEON Ier.
une civilisation avancée, d’oublier å quel prix on les acquiert, et ä repousser, comme des préjugés antiques, précisément ce qui a fait cettfe civilisation. « Il n’y a point å balancer entre de faux systémes de philosophie et de faux systémes de religion. Les faux systémes de philosophie rendent l’esprit contentieux et laissent le cæur froid; les faux systémes de religion ont au moins l’avantage de rallier les hommes å quelques idées communes et de les disposer å quelques vertus. Le philosophe lui-méme a besoin, au-tant que la multitude, du courage d’ignorer et de la sagesse de croire. »
La seconde partie des Articles traitait des cultes protestants, et, qiwique leur situation å l’égard de l’État fut fort differente, décidait qu’il serait pourvu å l’entretien de leurs pasteurs. Les donations ou legs faits aux églises devaient étre approuvés par le gouvernement et consister non en immeubles, mais en rentes sur l’État. Les Articles organiques donnaient au pouvoir civil une extension. d’attribu-tions qui ne résultaient pas toujours bien nettement du Concordat, et contre laquelle le Saint-Siége ne cessa de protester.
A cette meme session extraordinaire ou fut voté le Concordat, on présenta les projets de lois célébres sur l’instruction publique et la Légion d’honneur. Le premier fut adopté å une grande majorité (1). La Légion d’honneur, au contraire, rencontra l’opposition la plus vive. L’article 87 de la Constitution de l’an VIII avait décidé qu’il serait institué des récompenses nationales, mais ne parlait que des guerriers; dans le projet de la Légion d’honneur il n’était fait aucune distinction entre les services militaires et les services civils. Il ne s’agissait plus ici seulement, disait-on, de récompenses individuelles, mais d’un ordre, mais d’une hiérarchie d’honneurs qui menagait de constituer une aristocratie nouvelle. Le projet ne passa meme au Conseil d’État que par 14 voix contre 10.
Berlier prétendit que Fordre proposé ne convenait pas å une république, que les croix et les rubans n’étaient que les hochets de la monarchie. Il ajouta que, dans une république, les magistratures et les emplois devaient étre les premieres, les seules récompenses des services, des talents, des vertus, et il ne manqua pas de citer l’exémple
(1) Nous résumerons ce que Napoléon a fait pour l’instruction publique, å propos de la Constitution de l’Université impériale. Ce fut aussi en 1802 que Bonaparte réorganisait l’Institut. Mais il eut soin de ne laisser aucune place dans le nouveau corps ii la philosophie et å la politique. L’Académie des Sciences moraleset politiques nefutétablie qu’en 1833.