ForsideBøgerNapoleon 1er Et Son Temps

Napoleon 1er Et Son Temps

Forfatter: Roger Peyre

År: 1888

Sider: 885

UDK: 910

Editor Firmin-Didot et Cie

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372 NAPOLEON I«. l’entrainement de la France. Mais, dans l’essor de sa pensée, il ne voulait pas compter avec le temps; il s’irritait trop facilement de toute opposition, méme lorsqu’une simple susceptibilité personnelle était en jeu. Sans cloute l’opposition qu’il rencontra fut söuvent mesquine, mé-ticuleuse, contraire au sentiment du pays comme au bien de l’Etat, elle laissa passer sans protester des faits blamables et se montra hostile å des actes qui méritaient une approbation compléte. Mais elle fut parfois judicieuse et utile; elle pouvait surtout le devenir, et l’æu-vre de Napoléon aurait été assurée. Si l’opposition avait conservé une action quelconque dans le gouvernement, elle eut pu faire plus tard entendre sa voix avec autorité, et il est probable qu’on n’aurait eu ni ]a guerre d’Espagne ni la Campagne de Russie. Benjamin Constant avait domié déjå, au Tribunat, des modéles de discussion parlementaire ferme et modérée (1). Cette opposition n’était pas assez importante pour entraver sérieusement la marche du gouvernement; ]a majorité, dans le Corps législatif, était des cinq sixiémes au moins, et, dans le Tribunat lui-méme, elle était des deux tiers. Situation excellente pour un pouvoir quel qu’il soit : il y avait une opposition et elle était moins populaire que le gouvernement. D’ailleurs, il semblait facile au Premier Consul d’oublier, au milieu de la gloire qui l’environnait, quelques attaques, fussent-elles frivoles ou indiscrétes. Mais Bonaparte n’était pas souverain de naissance; cela lui donnait, il est vrai, de grands a vantages, surtout dans les circonstances oü l’on se trouvait. Il enrésultait cependant certainesha-bitudes d’esprit, certains traits de caractére qui lui rendaient l’exercice du gouvernement moins aisé, et il n’avait pas, comme César, la longue habitude des intrigues po-litiques des partis. Malgré sa conuaissance des bommes, il lui manquait quelque chose pour la science du gouvernement. Il était porte å considérer toute attaque å son administration comme une attaque directe å sa personne et comme une manæuvre tendant å renverser le gouvernement lui-méme. Il avait le tort plus grand encore de le dire : « Sachez, déclarait-il aux sénateurs, que je considérerai la nomination de Daunou comme une-in jure, et je n’en souffrirai jamais. » L’opposition des salons lui était particuliérement insupportable. Il ne voyait pas que par cette ombrageuse susceptibilité il semblait douter lui-méme de la solidité de son pouvoir. « Pensez-vous, disait-il, et cela lorsqu’il n’était encore que consul, pensez-vous que je veuille me laisser insulter comme un roi ? » (1) Laboulaye, Benjamin Constant.