ForsideBøgerNapoleon 1er Et Son Temps

Napoleon 1er Et Son Temps

Forfatter: Roger Peyre

År: 1888

Sider: 885

UDK: 910

Editor Firmin-Didot et Cie

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Side af 994 Forrige Næste
L’OPPOSITION. — CONSULAT A VIE. 373 Il croyait trop qu’un gouvernement n’obtient l’obéissance que par le point d’hon-neur, l’enthousiasme pour la patrie, la crainte du chåtiment, la vanité ou l’intérét. Il ne sentait pas assez qu’un gouvernement s’impose aæssi et se fait obéir par l’opinion qu’on a de la légitimité de celui qui commande. Ce n’était pas qu’il ne considéråt ce sentiment comme un des fondements les plus solides de l’autorité. Au fond, méme lorsqu’il fut empereur, ce parvenu prodigieux n’avait pas assez le sentiment dynas-tique. Nul cependant n’avait da vantage le droit de répéter avec Voltaire : Le premier qui fut roi, fut un soldat heureux. La servilité, nous l’avous dit, n’était pas générale; elle existait pour-tant, mais elle ne se rencontrait pas toujours seule, lå ou l’on croirait tout d’abord la voir exdusivement. On ne voulait pas se compromettre par une opposition qu’on ne croyait pas vraiment utile å la France. Mme de Stael reconnait elle-menie qu’on regardait alors comme un jacobin quiconque résistait å Bonaparte, et que la bonne compagnie se retirait de vous en méme temps que la faveur du gouvernement. Elle en fit bientot l’expérience. Son ami Benjamin Constant hésitait ä donner, au Tribunat, le signal de l’opposition formelle,-et lui disait : « Voila votre salon rempli de personnes qui vous plaisent : si je parle, demain il sera désert; pensez-y. — N’importe, répondit-elle, il faut suivre sa conviction. » Le jour ou le discours fut pro-noncé, « je devais, dit-elle, réunir chez moi plusieurs personnes dont la société me plaisait beaucoup, mais qui tenaient toutes au gouvernement nouveau. Je rcgus dix billets d’excuses å cinq h eures; je supportai assez bien le premier et le second, mais ä mesure que ces billets se succédaient, je commengai å me troubler ». Quoique l’opposition du Tribunat ne fut pas vraiment dangereuse, Napoléon n’hésita pas, pour s’en débarrasser, å porter une atteinte in-directe å, la Constitution de l’an VIII. On sait que le Tribunat se re-nouvelait tons les ans par cinquiéme (1). Que la désignation des membres sortants dut étre faite par le sort, cela était si naturel que la Constitution ne l’avait pas méme indiqué. Napoléon, sur le conseil de Cambacérés, profita de ce silence du texte pour faire désigner par le Sénat, au serutin, non pas les membres que Napoléon voulait écarter (on n’aurait pas osé), mais les membres qui devaient continuer å faire partie de l’assemblée, ce qui revenait exactement au méme. Parmi les (1) Le premier renouvellement devait avoir lieu seulement en l’an X (art. 38).